« On ne naît pas chrétien, on le devient », affirmait Tertullien, célèbre Père de l’Eglise (Apologie du Christianisme, chapitre 18). Premier sacrement de l’initiation chrétienne, le baptême est un moment essentiel dans la vie de tout chrétien, enfant ou adulte. Entretien avec l’abbé Olivier Windels.
Baptême vient du verbe grec « baptizein », qui veut dire « plonger, immerger ». La pratique d’être immergé en signe de purification s’est répandue peu avant la venue du Christ chez des juifs pieux, animés d’un profond désir de conversion. Jésus lui-même est baptisé par Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdain. Ce baptême inaugure sa vie publique. Et, ce jour-là, il est désigné comme le Messie. Etre baptisé en Jésus-Christ consiste à faire, à son tour, le passage de la mort à la vie qu’il a accompli. Nous mourons au péché pour passer à une vie nouvelle, avec la force de l’Esprit saint*. Le baptême, pour un adulte ou pour un enfant, est le sacrement de la naissance à la vie chrétienne. C’est aussi « faire alliance avec Dieu », observe l’abbé Olivier Windels, vicaire Episcopal, responsable des services de la Catéchèse, du Catéchuménat et de la Liturgie pour le diocèse de Liège et professeur au Centre Diocésain de formation.
Olivier Windels, quelle serait votre définition personnelle du baptême?
Le baptême, c’est choisir le chemin du Christ. Dans l’Evangile, le Christ appelle à devenir disciple. Le « oui » que nous voyons dans la bouche de Pierre, de Matthieu et des autres, c’est le nôtre. Le Christ nous appelle et nous choisissons de mettre nos pas dans les siens pour vivre avec Lui, pour mourir et ressusciter avec Lui. C’est bien un chemin de vie sur lequel nous nous engageons. Le baptême, c’est faire alliance avec Dieu. Il y a la part de Dieu qui offre son amour et la nôtre, qui l’accueillons et répondons à son amour. C’est une démarche réciproque.
On peut demander le baptême pour un enfant mais aussi pour un adulte. Pourquoi ne pas attendre d’être adulte afin de poser ses propres choix?
Le baptême des adultes est la « norme théologique ». C’est d’abord le choix de s’engager à la suite du Christ. Pour comprendre le baptême des enfants, on peut se référer à l’amour des parents pour leur enfant. Cet amour parental est déjà présent avant même la naissance de l’enfant et bien avant que celui-ci ne puisse prononcer « Maman, je t’aime ». Les parents donnent déjà leur amour et attendent patiemment que leur enfant y réponde. Il en va de même pour le baptême des bébés avec un Dieu qui aime a priori et qui, comme un parent, guette notre réponse. Dans cette configuration, la réponse est différée de 7 ans, 10 ans ou plus, mais elle est attendue, par Dieu en premier, et nécessaire pour que s’accomplisse cette alliance, cette histoire d’amour entre Dieu et nous. L’Eglise estime que le baptême des bébés peut se faire à condition qu’il y ait une chance que l’enfant soit un jour éveillé à la foi.
Pourquoi est-ce nécessaire de se préparer au baptême?
Pour les adultes, la préparation est appelée catéchuménat. Ce mot, proche du terme catéchèse (faire grandir dans la foi) est le chemin qui mène au sacrement de baptême, de confirmation et d’eucharistie. Le baptême est un choix de vie, mais l’Eglise n’est pas dupe, elle est très réaliste dans son regard sur l’humanité: on ne change pas de vie sur un claquement de doigt, cela implique un chemin de conversion. Une deuxième étape sera celle de la découverte de la foi chrétienne et de la richesse de la personne de Jésus-Christ. Ce sera un temps pour apprendre la Parole de Dieu et découvrir comment celle-ci interpelle ma vie. La troisième étape est l’entrée progressive et réciproque en communauté d’Eglise, dans un peuple de frères. On n’entre cependant pas dans une famille du jour au lendemain. Nous avons besoin de nous familiariser, de tisser des liens, ce qui prend du temps. La communauté accueille celui qui vient et lui fait trouver sa place. Celui qui se présente à la vie chrétienne découvre cette famille, avec ses rythmes (la liturgie dominicale, les fêtes qui ponctuent son activité) et ses activités comme le service des pauvres ou le service des malades. Ces trois éléments cumulés (changer sa vie, découvrir la foi chrétienne et la richesse de l’Evangile, entrer progressivement dans la vie chrétienne en communauté d’Eglise) donnent sens au catéchuménat.
Comment la communauté accompagne-t-elle les nouveaux baptisés après la célébration?
Quand un enfant a été baptisé bébé, la première part d’éveil à la foi concerne en priorité les parents. Ce sont eux qui pourront faire cheminer leur enfant en lui expliquant, dès son plus jeune âge, qui est Jésus, qui est Marie ou encore en lui enseignant le signe de la croix ou une prière. Les psychologues observent que le plus fondamental s’acquiert dès les premières années de vie d’un enfant. C’est vrai aussi pour la foi chrétienne. Les parents ont ensuite besoin de compétences extérieures pour emmener leur enfant plus loin sur ce chemin. L’Eglise prendra le relais, avec ce qu’elle propose dans les milieux scolaires (l’éveil à la foi, puis le cours de religion dans les écoles catholiques) et dans les paroisses, via la catéchèse pour préparer la première communion. Dans la catéchèse renouvelée (NDLR: qui a déjà fait du chemin à Bruxelles et Tournai et qui est en chantier dans les diocèses de Liège et de Namur), l’objectif est de prendre du temps avec les enfants pour découvrir le fondamental de Jésus et de la vie chrétienne.
Quel serait votre message pour inviter des personnes à rejoindre la communauté catholique et à demander le baptême?
Je reprendrais la phrase du frère Roger de Taizé: « Dieu nous veut heureux ». La vie chrétienne, ça rend heureux. La première découverte que les chrétiens doivent partager avec ceux qui ne le sont pas, c’est de faire comprendre que l’Evangile est d’abord un grand bonheur. C’est vrai qu’il y a des démarches pour le baptême, mais celles-ci ne sont pas administratives. Il s’agit plutôt d’un accompagnement fraternel, à la manière de Jésus qui fait chemin avec les disciples d’Emmaüs. Il n’y a pas de cours pour se préparer au baptême. Pour citer un passage de l’Evangile, on dit aux gens « venez et vous verrez ».
Manu VAN LIER
Sources: Croire.com – Histoire du baptême