Le Patriarche Cardinal Bechara Boutros Rahi, Patriarche Maronite d’Antioche a été reçu, ce mercredi 27 avril, au Parlement Européen à Bruxelles, à l’initiative du groupe EPP « Politique méditerranéenne et Activités interculturelles ». Il y a tenu un discours qui restera dans les annales.
La crise que nous vivons au Moyen-Orient a des conséquences sur tout le bassin méditerranéen et en Europe. « Nous sommes les premiers héritiers et gardiens du christianisme, et le christianisme est un élément essentiel de notre culture », précise le Patriarche du Liban, estimant que 1400 ans d’histoire commune risquent d’être anéantis. « Des génocides sont en cours dans certaines régions, qui ne sont pas uniquement physiques mais aussi économiques, spirituels ou sociaux ». « Que les guerres s’arrêtent! » a-t-il martelé pour que les réfugiés puissent rentrer dans leur pays pour préserver leur culture. Il en appelle à la Communauté européenne et à l’ONU pour qu’ils garantissent les retours dans les pays d’origine. Chrétiens et musulmans doivent garder leurs cultures. Et d’insister aussi sur la séparation « Religion-Etat » qui peut assurer une bonne citoyenneté pour autant que chacun puisse exercer librement son culte.
Le cardinal Rahi va plus loin et demande aux instances internationales une neutralité pour son pays, parce que sa liberté est menacée dans sa culture. Près de la moitié des habitants du Liban sont aujourd’hui des personnes réfugiées ou déplacées et certaines sont facilement manipulables par des terroristes en raison de leur précarité personnelle. Il insiste pour que la liberté de croyance puisse être assurée dans tous les pays de la région et demande à la communauté internationale d’agir diligemment envers l’Arabie Saoudite et l’Iran pour qu’ils ne servent pas uniquement leurs propres intérêts.
Nous devons, dit-il, aider l’Islam à faire le pas de la séparation « Etat-Religion ». Les musulmans détestent le mot « laïcité, même positive ». L’égalité « musulmans-chrétiens » telle qu’elle est vécue au Liban, n’existe nulle part ailleurs. Le Patriarche du Liban invite l’Islam à se libérer du fondamentalisme, d’un retour à la loi islamique qui dépasse la loi du Coran. « L’esprit vivifie, la lettre tue » (st Paul).
P. Tommy Scholtes
Photo: Le cardinal Rahi au Parlement européen © D.R.