Il ne se passe pas un jour sans que des organisations internationales ou caritatives ne dénoncent les conditions de traitement réservés aux réfugiés, notamment syriens. Pour le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), "une tragédie de cette ampleur appelle à davantage de solidarité".
Pour Filippo Grandi, le Haut-commissaire aux réfugiés de l’ONU, cette solidarité doit d'abord se manifester par l'accueil de réfugiés, surtout syriens, afin de décharger les pays voisins comme la Turquie ou le Liban, mais aussi d'éviter des drames comme ceux vécus en Méditerranée ou en mer Egée. Rappelons qu'à la mi-février, dans un communiqué de presse commun, le HCR, l'UNICEF et l'OIM (Organisation internationale de la Migration) s'inquiétaient entre autres de la hausse des décès d'enfants en mer et appellaient à renforcer la sécurité des réfugiés et des migrants. En moyenne, deux enfants par jour sont morts noyés depuis septembre 2015, durant la tentative de traversée de l'est de la Méditerranée par leurs familles, et le nombre de décès d'enfants continue de croître. Le HCR, l'UNICEF et l'OIM rappelaient que ces personnes fuient le conflit et la misère.
Dans ce contexte de solidarité, le Haut-commissaire aux réfugiés de l’ONU a estimé que les pays occidentaux devraient accueillir ces prochaines années jusqu’à au moins 480.000 réfugiés syriens. A l’heure actuelle, quelque 898.000 Syriens ont demandé l’asile en Europe. Simultanément, pas moins de 4,8 millions de Syriens vivent en Egypte, au Liban, en Turquie et en Afrique du Nord. Pour des milliers de personnes vulnérables en Syrie, il est de plus en plus difficile de quitter leur pays, constate Filippo Grandi.
La plus grande crise de réfugiés
En février, les pays donateurs avaient promis 5,9 milliards de dollars pour soutenir les Syriens dans leur propre pays ainsi que dans les camps de réfugiés. "Il faut que les pays se partagent tout bonnement la charge en accueillant une part plus importante de réfugiés, dans ce qui est devenu la plus grande crise des réfugiés d’une génération", estime le HCR.
Dans le monde entier, il y a 170.000 places d’accueil promises à des Syriens, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés espère que cette capacité puisse encore augmenter d’au moins 10%. Le HCR souhaite également que les routes migratoires légales restent ouvertes, afin d’éviter que les Syriens mettent leur vie en danger dans des embarcations de fortune ou que leur destin soit entre les mains de passeurs.
Par ailleurs, l'organisation onusienne a jugé que "la misère humaine a atteint son point culminant en Europe, les conditions dans le camp d’Idomeni à la frontière de la Grèce avec la Macédoine sont invivables. La situation se détériore tous les jours avec la pluie." "Ouvrez les frontières": c’est un message qui résonne depuis des jours. Mais les barrières sont closes, le passage interdit.
Rappelons que la"route des Balkans" est fermée depuis le mercredi 9 mars, après la décision de la Slovénie de ne plus laisser passer de réfugiés sans visas par son territoire, une mesure destinée à décourager de nouveaux migrants de prendre la route de l’Europe. Croatie, Serbie et Macédoine ont aussitôt adopté la même politique envers les migrants. A Idomeni, ils sont plus de 14.000 à attendre une éventuelle ouverture de la frontière.
L'Eglise aussi se mobilise, notamment par l'action de la COMECE (Commission des Episcopats de la Communauté européenne). La crise des réfugiés a été au centre de sa récente assemblée plénière à laquelle a été invitée Federica Mogherini, Haute Représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité que le cardinal Reinhard Marx, président de la COMECE, avait rencontrée en janvier dernier. Leur rencontre avait notamment porté sur la crise des réfugiés.
J.J.D. (avec agences)
