C'est l'une des étapes les plus importantes du long voyage que le pape François effectue au Mexique. La ville de Ciudad Juarez, située exactement sur la frontière avec les Etats-Unis, est une des villes les plus violentes du monde et le symbole des maux qui affligent la société mexicaine depuis des années.
Criminalité organisée, violences envers les femmes, conditions de travail difficiles: Ciudad Juarez est le cas typique des périphéries dont le pape François parle tant depuis le début de son pontificat.
Ciudad Juarez, c’est la métaphore de la frontière. Celle visible, faite d’un grillage avec les Etats-Unis. Celle que veulent franchir des dizaines, sinon des centaines de milliers de Latino-américains à la recherche d’un monde meilleur. Mais la plupart doivent passer dans les mains des trafiquants d’êtres humains qui exploitent leur détresse.
C’est aussi la frontière entre la légalité et le crime. Les cartels tentent de faire régner leur loi pour mieux profiter de cette porte d’entrée vers le voisin du Nord. Et savent tirer profit de tout, y compris des personnes. On ne compte plus le nombre de disparus, principalement des femmes.
Ciudad Juarez, c’est enfin la frontière entre la richesse et l’exploitation. La ville est célèbre, avec d’autres cités du nord du pays, pour ses maquiladoras, ces usines immenses des entreprises américaines qui y délocalisent leur production sans y exporter les droits sociaux dont bénéficient les ouvriers américains.
Une messe à la frontière américano-mexicaine
Pour le dernier jour de son voyage apostolique, le pape va visiter la prison de la ville, rencontrera le monde du travail et célébrera une de ses messes les plus symboliques. L’autel a en effet été dressé à quelques mètres à peine de la clôture qui marque la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. François ira d'ailleurs se recueillir devant le grillage. Les fidèles pourront donc participer à la messe aussi bien depuis Ciudad Juarez, côté mexicain, que depuis El Paso, côté américain. C’était un des souhaits du pape les plus forts pour ce voyage. L'image sera marquante, et d'une puissance semblable à celle de Lampedusa, au début du pontificat de François, lors de la célébration qui avait réuni plus de 10.000 migrants. Le pape s'y affirmera une nouvelle fois comme le "pape des exclus et des plus pauvres", sur tous les continents. Et il plaidera encore, comme il ne cesse de le faire depuis qu'il est pape, pour que les immigrants qui fuient leurs pays en raison de la misère, de la guerre, des persécutions religieuses ou politiques reçoivent un accueil et une seconde chance dans les pays d'accueil. Cette étape sera donc très suivie aux Etats-Unis, où les prises de position du pape sur l'immigration seront examinées à la loupe pour leurs répercussions sur les primaires américaines.
En septembre dernier, lors de son émouvante homélie prononcée au Madison Square Garden de New York, le Souverain pontife avait déjà évoqué les 11 millions d’immigrés sans papiers présents aux Etats-Unis, et appelé son auditoire à soutenir "toutes ces personnes qui ne semblent pas appartenir [aux grandes villes], ou qui apparaissent comme des citoyens de seconde zone… tout simplement parce qu’ils n’ont pas le droit d’être là."
P.G. (avec Radio Vatican)