La Commission interdiocésaine pour la protection des enfants et des jeunes vient de présenter aujourd’hui son nouveau rapport concernant les abus sexuels de mineurs dans une relation pastorale. 95 nouveaux dossiers ont été ouverts ces deux dernières années. Depuis 2012, les indemnités dépassent les quatre millions d’euros.
En présentant ce nouveau rapport, qui n’apporte pas de nouveaux éléments notables par rapport à ses précédents, le professeur Manu Keirse, Président de la Commission interdiocésaine pour la protection des enfants et des jeunes, a parlé du souci de « transformer l’injustice du passé en droit pour l’avenir ». Mais c’est aussi un souci de transparence qui conduit l’Eglise de Belgique à faire état des « nouveaux » dossiers qui continuent d’être transmis quand bien même les faits sont prescrits depuis très longtemps. Les deux évêques référendaires sur cette question, Mgr Guy Harpigny, évêque de Tournai et Mgr Johan Bonny, évêque d’Anvers, étaient d’ailleurs également présents pour la présentation de ce nouveau rapport.
Les chiffres rapportés émanent des points de contact. Ces derniers ont été mis en place par l’Eglise (un par diocèse et deux pour les congrégations religieuses) pour accueillir les personnes victimes par le passé d’abus sexuels dans une relation pastorale mais pour lesquelles les faits étaient prescrits. Ces points de contact ont révélé leur utilité. Ils ont en effet permis d’établir 418 dossiers au cours des quatre dernières années (2012-2015). Au total, 286 personnes se sont ainsi manifestées en 2012, 37 en 2013 et 95 en 2014-15. A ceux-ci s’ajoutent les 628 victimes qui avaient décidé de passer par le Centre d’arbitrage (procédure en dehors des structures de l’Eglise, close depuis le 31 octobre 2012), ce qui fait un total de 1.046 communications.
Statistiques
D’un point de vue statistique, les derniers dossiers enregistrés par ces points de contact confirment les données établies depuis quelques années. 80% des faits signalés ont eu lieu il y a plus de 30 ans. 71% des victimes étaient de sexe masculin et les abuseurs sont essentiellement (95%) des hommes. 38% de ces derniers sont déjà décédés. La disparité nord-sud est toujours aussi importante avec 80% des communications provenant de la région flamande.
En ce qui concerne les mesures de réparations, les trois attentes les plus fréquentes sont: la demande d’une conciliation entre la victime et le responsable de l’instance à laquelle l’abuseur, actuellement décédé, appartenait au moment des faits (24%), la demande de rencontrer le responsable de l’abus (16%) et la demande d’un entretien comme forme de reconnaissance (17%).
148 dossiers indemnisés
Le rapport indique que 148 des 418 victimes qui se sont signalées dans les points de contact ont obtenu une compensation financière. Ainsi, 1.218.201 euros ont été payés à la demande des points de contact, via Dignity, aux victimes. Auxquels il faut ajouter les 2.693.751 euros versés en application de procédures auprès du Centre d’Arbitrage pour des faits prescrits qui ne peuvent plus être traités par les tribunaux. Cela signifie que Dignity a versé près de quatre millions d’euros aux victimes. Et même plus car parfois l’indemnité a été payée directement à la victime, sans passer par Dignity.
Ne plus jamais fermer les yeux
La présentation de ce rapport a aussi été l’occasion de rappeler tout ce que l’Eglise a mis en œuvre depuis 2012 pour prévenir tout abus sexuel et comportement transgressif. Deux brochures ont ainsi été publiées et des journées de formation et de sensibilisation à cette problématique ont été organisées pour les agents pastoraux en vue de la détection des premiers signaux.
Un comité de surveillance (composé de personnes extérieures aux structures de l’Eglise), a également été mis sur pied par la Conférence épiscopale pour rendre des avis contraignants quant aux fonctions que peuvent encore exercer les agents pastoraux dont on a constaté un comportement sexuel transgressif.
« Nous sommes parfaitement conscients que l’on ne peut changer le passé. Nous pouvons seulement essayer d’offrir ce qui a le plus manqué dans le passé: l’humanité et la solidarité« , a expliqué, en guise de conclusion, le professeur Keirse. Et de souligner que la démarche de l’Eglise constituait « une tentative sincère de transformer l’injustice du passé en droit pour l’avenir. »
P.G.
A noter que les points de contact sont joignables via un point d’informations central : info.abus@catho.be. Tél : 02.507 05 93
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