Le gouverneur de Flandre occidentale ne veut pas que ses concitoyens viennent spontanément en aide aux réfugiés en leur donnant de la nourriture. Ses propos ont déclenché une vague d'indignation.
"En les nourrissant, vous ne faites qu'en attirer d'autres", a expliqué Carl Decaluwé, sur les ondes de la radio néerlandophone Radio 2. En entendant cette phrase, on imagine que le gouverneur de Flandre occidentale parlait de pigeons ou de mouettes si l'on se trouve sur la côte belge… Eh bien non! Il parlait des réfugiés qui arrivent, de plus en plus nombreux, dans sa province pour tenter un improbable passage vers l'Angleterre depuis Zeebruges.
C'est peu dire que de tels propos sont choquants. Ils ont d'ailleurs déclenché une vague d'indignation justifiée, aussi bien dans les rangs des partis politiques que sur les réseaux sociaux. A mille lieues des valeurs chrétiennes du parti auquel il appartient, le CD&V, le gouverneur de Flandre occidentale a "dérapé" du côté de l'extrême-droite avec des mots que les plus indulgents qualifieront de maladroits. Sauf que dans une volonté d'atténuer ses dires, le gouverneur les a aggravés en indiquant: "C'est très difficile, parce qu'il s'agit au fond d'êtres humains..."
A l'origine de cette charge controversée, une initiative citoyenne le week-end dernier au port de Zeebruges: plusieurs bénévoles, dont le curé de la paroisse, y ont distribué gratuitement de la nourriture et du café à des migrants qui tentent de rallier l'Angleterre à tout prix via le port de Zeebruges.
Le spectre de la "jungle" de Calais
Le Ciré (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers) a réagi aux propos du gouverneur et dénoncé les conditions de vie des migrants qui errent autour du port, dans des conditions humanitaires déplorables, sans accès à l’eau potable ou à des sanitaires, sans endroit fermé et chauffé pour passer la nuit. L’organisation a d'ailleurs lancé un appel à l’aide et demandé aux autorités belges une aide humanitaire et médicale.
Chez les démocrates-chrétiens, on explique que M. Decaluwé ne s'oppose pas à la charité mais que ce n'est pas une solution structurelle. Il propose que ces personnes en situation irrégulière demandent l'asile en Belgique (ou en France) ce qui leur permettra, en attendant le traitement de leur dossier, d'avoir une aide et de la nourriture.
A quelques jours des vacances, le gouverneur de Flandre occidentale veut éviter que ne s'installe un campement de tentes comme ceux qui existent près de Calais et de Dunkerque. Il s'est dit favorable à la construction d'un centre fermé dans la région, ce qui ne résoudra vraisemblablement pas le problème.
En attendant, Fernand Maréchal, le curé de Zeebruges, n'entend pas abandonner ces réfugiés à leur propre sort et continuera à leur venir en aide. N'écoutant ainsi que son cœur et l'évangile de saint Matthieu: "J'avais faim et vous m'avez donné à manger…"
P.G.
