La Fondation Roi Baudouin a entrepris un travail conséquent auprès des familles dont les enfants sont partis en Syrie. De ce travail d’appui sont nées des réflexions utiles à une prise de décision ultérieure. Extraits ci-dessous.
Depuis quelques mois, avant même les attaques terroristes du 13 novembre, la Fondation Roi Baudouin a pris des initiatives concrètes pour soutenir les familles des jeunes séduits par les appels à la radicalisation violente. Ces actions prennent une dimension nouvelle à la lumière des événements de Paris et des situations tragiques que ceux-ci soulignent en Belgique. La Fondation est en effet convaincue que les familles, au-delà de leur détresse, peuvent jouer un rôle utile sur plusieurs plans, afin de prévenir le passage à l’acte du jeune, de prévenir la radicalisation des autres membres de la famille ou des amis, de contribuer à protéger la société du terrorisme islamiste. Entrer en dialogue avec ces familles, les comprendre, les conseiller, sont des enjeux qui dépassent les émotions des « parents concernés ».
Parmi les défis posés par ces objectifs, les questions suivantes émergent:
- Comment peut-on aider les familles ou les proches à surmonter la tristesse, la peur, l’isolement, voire leur sentiment de culpabilité?
- Alors que le sujet reste tabou, comment identifier ces familles et établir des relations de confiance, préalable à tout soutien adéquat?
- Que peut-on faire pour les aider à rétablir des relations constructives avec ces jeunes?
A la lumière de pratiques et de témoignages, les participants, parmi lesquels des mères de famille, des porteurs de projets, des experts, ont formulé des recommandations à l’attention des acteurs de terrain.
- Au début du processus de radicalisation, il existe une « fenêtre d’opportunité »: durant cette phase, le jeune parle ouvertement des nouvelles idées qu’on lui a mis en tête, il en est fier et cherche à convaincre son entourage. C’est à ce moment-là que les parents doivent être bien outillés pour pouvoir contrer cette dérive. A cet effet, la confiance est un facteur crucial de réussite et il est donc important que la démarche provienne des familles elles-mêmes.
- En cas de départ d’un jeune, la famille doit absolument être soutenue et encadrée. La mère peut avoir tendance à passer une grande partie de son temps à la recherche d’informations sur l’enfant absent. Les autres enfants risquent ainsi de penser qu’ils comptent moins pour elle. Ils sont donc particulièrement en danger. Il est tout aussi essentiel de travailler avec les pères. Aujourd’hui, les campagnes de prévention contre le radicalisme sont trop généralistes et ne prennent pas suffisamment en compte certains aspects liés au genre.
- La focalisation sur les seuls individus partis mène à oublier qu’ils font partie d’un réseau (famille, quartier…). La solution se trouve donc aussi dans ce réseau. La confiance est un facteur crucial de réussite. Aussi est-il important que la démarche provienne des familles elles-mêmes.
Fondation Roi Baudouin