Choisi par le pape François pour succéder à Mgr André-Joseph Léonard à la tête de l’archevêché de Malines-Bruxelles, Mgr Jozef De Kesel a répondu aux questions de Dimanche et de RCF.
D’emblée, le nouvel archevêque apparaît comme un homme plein d’empathie. Mais, qu’on ne s’y trompe pas: sa détermination est réelle. Conscient des défis qui se posent à l’Eglise dans une société sécularisée, Mgr De Kesel mesure pleinement les enjeux qui l’attendent.
Vous connaissez l’archevêché de Malines-Bruxelles. Vous n’arrivez donc pas en terre inconnue. Qu’en avez-vous retiré pendant toutes les années que vous y avez passées?
En effet, je connais bien l’archidiocèse puisque j’étais à Bruxelles comme évêque auxiliaire. Nous avions des réunions toutes les semaines à Malines pour l’ensemble de l’archidiocèse avec les autres évêques auxiliaires et conseillers épiscopaux, ce qui m’a permis de connaître les personnes, puis les prêtres des autres vicariats du Brabant flamand et du Brabant wallon.
Le choix du pape vous a-t-il surpris?
Oui, le choix du pape m’a un tout petit peu surpris. Bien sûr, mon nom circulait. Je le savais. Mais il y avait aussi les noms de Mgr Bonny et de Mgr Delville. Je me suis dit que cela faisait cinq ans que j’étais à Bruges avec une mission difficile. Je pensais y rester pour continuer mon travail, me disant qu’on n’allait quand même pas me changer tout de suite. J’étais à l’aise.
Quels sont, pour vous, les grands défis qui attendent l’Eglise?
Le grand défi, c’est l’annonce de l’Evangile. Dans un monde sécularisé, cela ne va pas de soi. C’est là notre grand défi: la question de Dieu, la foi en Dieu, la personne du Christ et le message chrétien. Dans le passé, la présence de l’Eglise dans la société était évidente. Mais la société n’est plus chrétienne et l’Eglise doit s’habituer à cela. Nous devons nous poser la question: quelle est la place du christianisme et de l’Eglise dans le monde moderne? Que signifions-nous en tant qu’Eglise avec notre annonce de l’Evangile dans cette société et que pouvons-nous faire pour construire, ensemble et avec d’autres une société plus humaine?
Et pour l’Eglise de Belgique ?
Les défis sont les mêmes. Mais, pour l’Eglise en Belgique, il y a le chantier de remodelage des paroisses. J’y tiens beaucoup. C’est une question importante. Evidemment, ce n’est pas en créant de nouvelles structures que l’on résoudra nos problèmes. Mais, la structure que nous avons héritée du passé, avec tant de paroisses, ne convient plus à la situation actuelle; elle nous dépasse. Il faut donc travailler en unité pastorale, unir les forces et simplifier les structures pour avoir plus d’énergie afin d’assurer notre mission principale qui est l’annonce de la Bonne Nouvelle.
Vous affirmez que l’Eglise est en crise mais que cela pourrait être une opportunité…
C’est une conviction qui m’habite depuis longtemps. Si je dis que l’Eglise est en crise, ce n’est pas un concept négatif. Cela signifie que l’Eglise est en train de vivre un changement radical, fondamental. Elle cherche une autre place dans notre culture qui n’est plus chrétienne. Quelle est la place de la religion dans notre société? Je suis convaincu que l’Eglise doit accepter la situation et ne pas essayer de reconquérir ce qu’elle pense avoir perdu. Mais qu’a-t-elle perdu? Une certaine situation… Elle n’a pas perdu la foi. D’où ma conviction que cette crise pourrait être une opportunité. Cela dépend de notre façon d’agir.
Aujourd’hui l’Eglise n’est plus seulement cléricale. Vous avez notamment mis en avant le nombre de laïcs qui s’engagent. Croyez-vous que ce soit une nouvelle force pour l’Eglise?
Ce sont des laïcs qui prennent leurs responsabilités. Bien sûr, je ne veux pas non plus d’une Eglise sans ministère, mais cet engagement de laïcs est un grand avantage. Il y a beaucoup de chrétiens qui prennent vraiment à cœur leurs responsabilités. Dans les maisons de soins et de repos, dans les hôpitaux. Il y a aujourd’hui beaucoup de possibilités pour les chrétiens de s’engager dans l’Eglise. C’est un signe d’espérance.
Vous avez aussi parlé de la collégialité. L’archidiocèse a trois évêques auxiliaires. Comment voyez-vous le rôle futur de la conférence épiscopale en Belgique?
Il est temps de discuter sérieusement et voir ce que nous pouvons faire dans la structure actuelle. Mais, auparavant, il faut discuter et définir les buts que nous voulons atteindre.
Propos recueillis par
Jean-Jacques Durré
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Crédit Photo: Jeroen Moens