Un mouvement de solidarité internationale s’organise autour des revendications des producteurs laitiers européens. Notamment de la part des éleveurs de quelques pays africains. Leurs propres marchés sont en effet également déstabilisés par la surproduction de lait en Europe.
Le 7 septembre, en marge du Conseil des ministres de l’Agriculture de l’Union européenne, les producteurs laitiers européens manifesteront à Bruxelles pour exiger un prix juste du lait, au-delà des coûts de production. En solidarité, le Réseau des Organisations, d’Eleveurs et de Pasteurs d’Afrique, les fédérations nationales des organisations agricoles du Sénégal, du Bénin, du Togo, du Mali, du Niger et du Burkina Faso ont signé l’appel émanant d’ONG belges. Les producteurs africains soutiennent la volonté de réguler la production de lait en Europe. Leurs propres marchés sont aussi déstabilisés.
"Nous marquons notre accord à cette lutte contre la disparition des petites exploitations familiales laitières en Europe. La solidarité paysanne et la préservation de l’agriculture familiale sont les moteurs de la sécurité alimentaire et du développement durable", explique Abdou Fall, représentant du Réseau des Organisations, d’Eleveurs et de Pasteurs d’Afrique Billital Maroobe (RBM).
Réduire les volumes
Par ailleurs, la chute des prix du lait est le résultat direct de la surproduction européenne. Abdou Fall poursuit: "La baisse du prix du litre de lait en Europe va conduire à l’augmentation des exportations de la poudre de lait vers l’Afrique et freinera encore plus le développement du secteur de l’élevage en Afrique."
Les propositions des producteurs laitiers de l’European Milk Board (EMB) appellent à un changement de cap en refusant de poursuivre la politique du «toujours plus» au coût le plus bas dans des exploitations toujours plus grandes. Cette orientation détruit l’agriculture familiale, l’emploi agricole et menace l’environnement en Europe et dans les pays du Sud. Seule la régulation de la production permettra aux producteurs de vivre de leur métier.
Les 38 signataires de l’appel soutiennent cette demande de réduction des volumes produits pour maintenir des fermes familiales nombreuses, diversifiées et réparties sur les territoires, sans mettre en péril le développement des filières de production en Afrique. "Nous sommes ensemble pour la même cause", explique Léopold Lokossou, Président de la Plateforme Nationale des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles du Bénin.