En Turquie, la zone de la frontière avec la Syrie est sous haute tension depuis lundi. La crainte d’une contagion de la guerre en Syrie sur le sol turc prend de plus en plus forme.
Après avoir longtemps fermé les yeux sur les trafics en tout genre dans sa zone frontalière, de pétrole de contrebande de l’État islamique dans le sens Syrie-Turquie, et de candidats au djihad dans l’autre sens, Ankara est de plus en plus critiquée pour sa politique passive dans la région. Mercredi 22 juillet, des membres du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan ont tué deux policiers turcs à Ceylanpinar pour se venger de l’attentat de lundi à Suruç, qui avait été revendiqué par l’État islamique. Un jeune Turc de 20 ans avait tué 32 personnes dans cette ville qui fait face à Kobané en Syrie.
Une prise de concsience attendue
Kobané a été le théâtre d’affrontements violents ces derniers mois entre les forces kurdes et les djihadistes. Cet attentat met les autorités turques devant une évidence : pour lutter contre l’État islamique la Turquie doit s’allier avec les Kurdes, c’est ce que rappelle Samim Akgonül, spécialiste de la Turquie, professeur à l’université Marc Bloch de Strasbourg. Interrogé par Olivier Bonnel de Radio Vatican, il analyse l’évolution des relations: « Pendant des années, la Turquie s’est opposée farouchement à la création de la région autonome du Kurdistan du nord d’Irak et aujourd’hui c’est peut-être le meilleur allié de la Turquie dans la région au niveau commercial et politique. La Turquie doit faire un choix entre le ralentissement du développement de la région kurde et la lutte contre l’EI. On sait que tous les militants venant de la France, de la Grande-Bretagne, d’Allemagne, de Belgique passaient par la Turquie pour rejoindre les rangs du Daech (EI). Il a fallu un acte aussi grave et dramatique pour qu’Ankara prenne enfin conscience qu’elle joue avec le feu et qu’elle doit prendre les mesures nécessaires pour qu’il y ait une politique et un discours net, radical à l’égard de ces groupes de Daesh qui sont en train de mettre à feu et à sang toute la région ».
D’après Radio Vatican – Photo: Après l’attentat de ce lundi 20 juillet qui a fait 32 victimes à Suruc, les regards se tournent vers Ankara et le président Recep Erdoğan dont l’Europe attend des mesures fortes pour contrer l’EI (photo: wikimedia)