Racisme : des pas en avant dans une Belgique toujours à la traîne


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Racisme : des pas en avant dans une Belgique toujours à la traîne
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
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IMG_9697"Combattre le racisme et les discriminations raciales en Belgique", tel était l'intitulé d'une table ronde qui s'est tenue hier à Bruxelles. Cette rencontre d'une journée a rassemblé plusieurs intervenants du monde politique, judiciaire, associatif ou privé. L'événement était organisé par la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance et le Centre interfédéral pour l'égalité des chances.

La table ronde sur la lutte contre le racisme et les discriminations en Belgique s'est tenue le 1er juillet dans les locaux du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale. La rencontre faisait suite à la publication du 5e rapport de la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI) sur la Belgique. Le rapport final adopté en décembre 2013 et publié en février 2014 est basé sur une visite en 2013 du territoire belge par certains membres de l'ECRI. "On en discute un an après sa publication", a expliqué d'emblée Stelios Perrakis, membre grec de l'ECRI et co-rapporteur. "Il y a donc toujours un décalage au niveau du temps", poursuit-il. "C'est intéressant car il [le rapport] permet de prendre en considération une évolution de développements".

Le 5e rapport comporte quatre chapitres, communs à tous les Etats membres: un premier lié aux questions législatives, un second sur le discours de haine, un troisième sur la violence raciste et homophobe et un dernier chapitre sur les politiques d'intégration. Ce rapport inclut pour la première fois "la dimension des LGBT (les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres, ndlr)", a ajouté Stelios Perrakis. En ce qui concerne le discours de haine, le racisme ou la violence à l'encontre des homophones/transphobes, l'ECRI regrette que la Belgique n'aie pas de statistiques claires rendant compte de la situation tant les données sont dispersées. L'ECRI qualifie pourtant de "préoccupant" le sous-signalement des crimes racistes sur notre territoire. "Les personnes LGBT, en particulier, sont si peu enclines à porter plainte que certaines infractions violentes dont elles sont victimes sont totalement absentes des statistiques", regrette Jean-Paul Lehners, également membre de l'ECRI et co-rapporteur. Le 5e rapport recommande notamment une amélioration de la collecte des données et une amélioration des enregistrements des actes de violence. Sur base des recommandations de l'ECRI, une circulaire a entretemps prévu la désignation d'une personne de contact chargée, au sein de la police, des questions liées au racisme et à l'homo- et transphobie. Toutefois, en matière de lutte contre la violence raciste et homophobe/transphobe, "l'ECRI se félicite du vaste plan d'action lancé par les autorités belges pour lutter contre cette violence, en particulier pour améliorer le signalement, l'enquête et la poursuite", a déclaré le rapporteur Jean-Paul Lehners.

Un bond en avant à améliorer

Le rapport félicite également la Belgique pour la mise en œuvre, à différents niveaux, d'une série de politiques d'intégration. Elles vont "au-delà du simple accueil des immigrants, elles promeuvent le dialogue interculturel et donnent une image positive de la diversité culturelle en Belgique", se félicite Jean-Paul Lehners. Le membre de l'ECRI nuance toutefois les mesures prises en rappelant que des efforts restaient à faire tant certains aspects de ces politiques d'intégration au niveau des entités fédérées étaient encore "discutables voire discriminatoires." Citant un exemple décrit dans le rapport, Jean-Paul Lehners pointe du doigt les programmes qui "s'adressent à des catégories de personnes dont les besoins et les attentes sont vraisemblablement très différents, comme ceux des ressortissants et les non-ressortissants, ce qui peut être naturellement contre-productifs."

Le rapport pointe également des discriminations envers des groupes ethniques et religieux. Les musulmans, et plus particulièrement les femmes, seraient désavantagés dans différents domaines tels l'accès à l'emploi et la représentation dans les médias. Le rapport recommande la promotion du dialogue interculturel, interreligieux et intercommunautaire.

Dans son 5e rapport pour la Belgique, l'ECRI a rassemblé au total 23 recommandations ciblées. Une série de ces recommandations concernent une adaptation des lois pénales et civiles "afin d'améliorer la protection contre les discriminations en raison de la religion et de la langue", a insisté M. Perrakis. "On est un consultant pour le gouvernement, on essaie de contribuer à l'œuvre de chaque gouvernement en proposant des recommandations ciblées", a rappelé le membre grec de l'ECRI. "C'est à la lumière de ces recommandations que le gouvernement devrait prendre acte afin de mettre en exergue tous les développements d'une politique efficace en matière législative", a-t-il conclu.

Pour en savoir plus, n'hésitez pas à visiter le site du Conseil de l'Europe. Notez également qu'au mois d'août ou de septembre, une double page de votre journal Dimanche sera consacrée au racisme en Belgique.

Sophie TIMMERMANS


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