La ministre de l’Enseignement Joëlle Milquet doit présenter son avant-projet de décret sur les cours de citoyenneté le 20 mai au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. On en sait désormais un peu plus car le texte a été publié dans la presse.
Joëlle Milquet n’est pas contente. Des fuites à propos de son avant-projet de décret sur les cours de citoyenneté qui devraient être dispensés dans tous les réseaux d’enseignement dès la rentrée 2016, ont fait que ce texte a été publié dans la presse. Son porte-parole, Olivier Laruelle, a déploré « une déstabilisation par des fuites organisées sur ce dossier qui mérite sérénité et hauteur de vue ». Il a précisé que le texte paru dans la presse est une note interne qui fait toujours l’objet de discussions.
Pour rappel, une premier texte de projet de décret a déjà été rejeté par le gouvernement. Rine ne dit que ce nouveau texte soit accepté tel quel, d’où la colère de la ministre concernant les fuites. De toute façon, l’avant-projet de décret devra aussi être soumis à toutes les parties impliquées, des syndicats aux associations de parents, en passant par les pouvoirs organisateurs et les centres PMS, sans oublier le Conseil d’Etat qui devra donner son avis. Rien n’est donc fait et le décret ne sera doute pas voté avant 2016.
Précisons encore que ce cours de citoyenneté n’est pas le fameux encadrement pédagogique alternatif, appelé de façon dérisoire « cours de rien », qui sera organisé dès la rentrée de septembre prochain dans les écoles du réseau de la Communauté française, des communes et provinces pour les élèves qui ne désirent suivre ni un cours de religion ni un cours de morale. Là, c’est le flou qui persiste quant au contenu de cet encadrement alternatif.
Quel contenu ?
Selon les quotidiens qui ont diffusé la note ministérielle, le cours de citoyenneté sera dispensé dès la rentrée scolaire 2016 dans tous les réseaux. Dans les écoles de la Communauté française, il viendra progressivement remplacer une des deux heures de cours philosophiques. Les référentiels qui vont être élaborés seront obligatoires dans tous les réseaux . Ainsi, dans l’enseignement libre, le texte précise que « les référentiels pourront être déclinés entre plusieurs cours ou un seul (cours de religion) ».
Sur le contenu, le document présente 11 éléments. On y aborde la formation à la citoyenneté politique, sociale, économique, culturelle en vue non seulement de connaître les principes, institutions, droits et devoirs démocratiques mais aussi d’exercer, de manière éclairée, le « métier de citoyen ». Autre sujet : la formation à l’histoire et à la connaissance des religions et à la pratique d’un dialogue inter-convictionnel basé sur le respect et l’ouverture. Le cours devrait aussi aborder l’histoire et la connaissance des différentes philosophies, la formation à la diversité et au respect des différences ; la formation à l’analyse critique de la connaissance, de la communication et des médias sous toutes leurs formes. Mais, si on peut encore comprendre qu’on initiera les élèves à appréhender les grands enjeux et questions de la société contemporaine comme la mondialisation et le développement durable, on peut se demander en quoi les relations affectives et sexuelles, mais aussi la pratique de l’alimentation saine ont avoir avec la citoyenneté ou la connaissance de la psychologie humaine .
Enfin, la note semble apporter au moins un éclaircissement par rapport aux professeurs qui dispenseront ce cours. Joëlle Milquet propose que ce soit notamment les professeurs de philosophie, de religion et de morale qui le donnent. Ces enseignants devraient alors suivre une formation intensive après Pâques 2016.
Bref, à ce stade, le projet – pour peu qu’il soit le reflet de la note réelle – semble un peu « fourre-tout » et très vague. On en reste aux grands thèmes, sans les préciser. Il y a donc fort à parier que le débat n’est pas clos. Et à cet égard, Mgr Guy Harpigny, évêque de Tournai mais aussi évêque référendaire pour les cours de religion, rappelle que les chefs de culte s’étaient mis d’accord sur un tronc commun pour l’enseignement de la citoyenneté au sein de ces cours de religion et de morale. Il estime qu’aujourd’hui, il y a une réelle volonté d’éliminer les cours philosophiques de l’enseignement (voir ci-dessous). Affaire à suivre donc …
J.J.D.