Fondateur du mouvement des Nabis, Maurice Denis a été largement inspiré par Fra Angelico. Il a mis son talent au service d'un chemin de croix tout en nuances, dans la chapelle de l'ancien hôpital qu'il aménagea en habitation privée à Saint-Germain-en-Laye. Pour lui, "la peinture est un art essentiellement religieux". Et la chapelle devient le réceptacle de la Passion du Christ.
Par la peinture, Maurice Denis s'inscrit dans la tradition des pèlerins, qui marchent sur les traces du Fils de Dieu. "Quand les pèlerinages furent trop dangereux, au temps des croisades, et aussi pour répondre à la demande de ceux qui ne pouvaient faire le voyage jusqu'à la Terre sainte, les religieux franciscains eurent l'idée de mettre dans les sanctuaires des représentations peintes ou sculptées des différentes stations du calvaire." Dans la chapelle, les quatorze stations sont fidèlement reproduites, aux côtés des Béatitudes et des vertus, voie céleste par excellence. "On oublie souvent, écrit encore Paule Amblard, que le chemin de Croix mène non à la mort, mais à la résurrection". L'historienne de l'art nourrit les compositions picturales de ses commentaires, soulignant notamment les spécificités de cette approche artistique, qui place les scènes à hauteur du regard du visiteur ou du pèlerin, pour mieux l'inviter à entrer en méditation. Dans ce lieu de paix, la spiritualité se fait humaine et entre humblement dans la vie.
A. T.
Paule AMBLARD – Maurice DENIS, "Le Chemin de Croix de Jésus". Editions Artège, mars 2015, 69 p.