Les chefs d’état de trois pays africains frappés par Ebola ont demandé ce mardi 3 mars 2015 à la communauté internationale un « plan Marshall » pour aider à leur redressement économique et gagner la guerre contre le virus.
A l’occasion d’une conférence à Bruxelles visant à coordonner les combats contre l’épidémie Ebola, le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone ont demandé aux pays donateurs d’apporter leurs contributions à leur redressement. « L’impact d’Ebola sur nos économies a été profond » et cela impose « des plans et stratégies de redressement » pour accompagner à long terme les pays frappés, a déclaré la présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf. « Il n’y a aucun doute que cela va requérir des ressources significatives, même un plan Mashall », sur le modèle du plan américain de reconstruction de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale, a-t-elle ajouté.
La lutte doit se poursuivre
A côté d’Ellen Johnson Sirleaf (Libéria), Ernest Bai Koroma (Sierra Leone) et Alpha Condé (Guinée), l’ensemble des acteurs de la lutte contre Ebola étaient représentés à cette réunion : agences de l’ONU, Banque mondiale, ONG, ainsi que délégations européenne, américaine, chinoise, cubaine ou australienne. Tous ont insisté sur le fait que l’épidémie n’est pas finie et que les efforts doivent se poursuivre. Depuis le pic de l’épidémie, durant l’automne, les nouveaux cas ont été divisés par dix, passant de 900 à une centaine en moyenne par semaine, selon l’ONU.
Le journal La Croix indique que le sursaut international et l’engagement africain ont permis de contenir l’épidémie, qui a fait 9 700 morts recensés. Le Liberia est sur la bonne voie, mais la tendance est repartie à la hausse dans certaines zones côtières de Guinée et de Sierra Leone, avec la persistance de foyers dans des zones reculées de ces pays. L’engagement de nombreux Africains et la mise en place d’un système d’évacuations médicalisées rassurant les volontaires étrangers ont permis une bonne mobilisation.
Un impact économique conséquent
L’épidémie a eu des répercussions économiques, avec une chute de 12 % du PIB de la région touchée, des systèmes de santé sinistrés, une production agricole réduite de moitié, un secteur minier affecté. L’exécutif européen estime qu’un soutien à long terme est requis pour faire face à ces dommages.
Sur le plan financier, l’enjeu est aussi de garantir le bon versement des aides promises, pour un montant total de 4,9 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros), la moitié environ a déjà été déboursée. La contribution européenne, de 1,2 milliard d’euros, a déjà été versée « pour plus de la moitié », selon une source européenne.
Des fonds détournés
En Sierra Leone, quarante personnes ont été inculpées de malversations dans le cadre de l’enquête relative à la gestion des fonds destinés à la lutte contre le virus Ebola en Sierra Leone. L’enquête a été ouverte suite à une vérification effectuée par l’autorité de révision des dépenses publiques qui a constaté qu’un tiers des fonds destinés à la lutte contre la pandémie a été dépensé sans un motif clair. Le rapport d’enquête, relève l’agence Fides, met en lumière des contrôles inadaptés quant à l’affectation des fonds, des paiements à des hôpitaux sans aucune preuve que les fonds aient été destinés aux salaires de médecins et infirmiers en première ligne en ce qui concerne l’assistance aux malades et qui risquent parfois de contracter la maladie, le versement de fonds aux directeurs d’hôpitaux et à d’autres organes et non dans les caisses des organismes qu’ils président ainsi que d’autres irrégularités. En Guinée, autre pays touché par le virus Ebola, des voix se sont élevées pour qu’une enquête similaire soit menée afin de vérifier le bon usage des fonds affectés par le gouvernement et par les donateurs nationaux et internationaux à l’aide aux malades et à la lutte contre la diffusion de la maladie, précise encore Fides.
MVL (d’après La Croix et Fides) – Photo: (c) MSF