Beaucoup de réfugiés chrétiens pourraient être mieux logés, mais ils sont de plus en plus nombreux à ne plus se sentir en sécurité. Le responsable du département Proche-Orient de «L’Aide à l’Eglise en détresse» fait écho de son voyage en Irak.
A cause des récentes progressions du groupe terroriste islamique EIIL, une grande peur règne chez les réfugiés chrétiens en Irak, comme l’affirmait le Père Andrzej Halemba, responsable du département du Proche-Orient auprès de l’œuvre internationale de bienfaisance catholique «L’Aide à l’Eglise en détresse» après son retour d’un voyage en Irak. Le religieux s’était rendu dans la province autonome du Kurdistan, au nord de l’Irak, où plus de 120.000 chrétiens, en fuite devant les troupes de l’EIIL, s’étaient réfugiés en 2014 et bénéficient maintenant d’aide dans le cadre de projets humanitaires. «Fin janvier 2015, la ville de Kirkouk, qui a de grandes ressources pétrolières, a été attaquée par l’EIIL. Cela a semé la panique chez les gens. La nuit même, de nombreuses familles de réfugiés se sont enfuies de Kirkouk en y abandonnant tout. Ces gens sont toujours extrêmement traumatisés des circonstances de leur fuite l’été dernier», explique le Père Halemba. «Même des familles dans la capitale provinciale kurde d’Erbil doutent maintenant de leur sécurité à long terme.»
A cause du manque de sentiment de sécurité et en l’absence de confiance en l’avenir, des familles chrétiennes quitteraient tous les jours l’Irak et partiraient en direction de la Turquie, du Liban ou de la Jordanie, poursuit le Père Halemba. «Tous les jours, six familles ou même plus s’en vont. En ce qui concerne le maintien de la présence chrétienne en Irak, c’est vraiment une course contre la montre. Beaucoup de gens ont simplement perdu patience.»
Retrouver le chemin de la vie
Toutefois, le religieux a aussi été témoin de progrès encourageants. «De plus en plus de gens ont pu quitter leurs tentes et leurs caravanes pour emménager dans des maisons et des appartements de location. 'L’Aide à l’Eglise en détresse' leur apporte son soutien pour cela. Le fait de vivre sous un véritable toit donne aux gens une impression de sécurité et les encourage à reprendre eux-mêmes des initiatives. On ne soulignera jamais assez la valeur de cette attitude.» Selon le Père Halemba, l’objectif du travail de "L’Aide à l’Eglise en détresse" serait d’aider les gens à retrouver le chemin de la vie. Outre des logements plus décents, l’aménagement d’établissements scolaires pour environ 7.000 enfants réfugiés chrétiens contribuerait à réaliser cet objectif. «Fin mars, il est prévu que toutes les écoles soient opérationnelles. C’est important pour les enfants, mais aussi pour les parents. Ils voient que leurs enfants ne perdent pas de temps.»
L’action de Noël agencée par «L’Aide à l’Eglise en détresse» aurait également été très bien accueillie, assure le Père Halemba. «Les cadeaux que les bienfaiteurs nous ont permis d’acheter, ont apporté beaucoup de joie aux enfants. Lors de mon voyage, j’ai rencontré de nombreux enfants qui m’ont par exemple montré l’anorak qu’ils avaient reçu en cadeau de Noël, avec une bible pour enfants et d’autres choses encore. Ils étaient très reconnaissants.» La composition et la distribution des 15.000 colis de Noël constituait un gigantesque défi logistique, a ajouté le Père Halemba. «Les religieuses et les bénévoles ont vraiment fourni un travail formidable.»
Le Père Halemba a souligné en outre que «L’Aide à l’Eglise en détresse» ne faiblissait pas dans ses efforts de soutenir les réfugiés chrétiens. «Il est très important pour les gens de voir qu’on ne les a pas oubliés. Beaucoup m’ont dit que les pays occidentaux ne s’intéressaient que très peu à leur destin. Quant au gouvernement central irakien, de toute manière, les gens n’en attendent rien. Ce gouvernement est préoccupé par ses propres affaires. C’est la raison pour laquelle les réfugiés ont donc vraiment besoin de notre aide. Cela leur rend l’espoir. En effet, beaucoup de gens veulent rester malgré tout dans leur pays. Et ils ont aussi une profonde foi en Dieu, qu’ils ont conservée malgré tous les problèmes. C’est pourquoi nous fournirons aussi 5.000 bibles et du matériel pour le catéchisme des enfants et des adolescents.»
Suite du témoignage sur le site Aide à l'Eglise en détresse
Texte et photos: AED