20.000 personnes ont marché dans les rues de Bruxelles ce dimanche 11 janvier, et d’autres Belges ont manifesté à Paris, en hommage aux victimes de Charlie Hebdo. Emotion et mobilisation étaient à l’ordre du jour pour défendre la liberté d’expression.
Dimanche en début d’après-midi, la fréquentation dans le métro bruxellois était identique aux heures de pointe. Des milliers de personnes venues de Bruxelles, mais aussi des quatre coins du Royaume convergeaient vers la gare du Nord pour participer à la marche contre la haine et pour la liberté d’expression qui s’y déroulait, ce 11 janvier.
Ambiance familiale dans les rues, puisque de nombreux manifestants sont venus avec leurs enfants. Tout au long du parcours, les parents expliquaient aux plus jeunes ce que signifiaient les pancartes, et quel sens donner à cette marche. En plus des nombreux « Je suis Charlie » qui se déclinaient en plusieurs langues, d’autres pancartes rappelaient l’objet de ce mouvement: « Ensemble contre la haine ». Une autre avait inscrit cette règle d’or des religions: « Tu ne tueras point ». Des jeunes choisissaient de rendre hommage à Charlie Hebdo en préconisant: « plutôt qu’une minute de silence, une minute de rires! » ou encore «C’est l’encre qui doit couler, pas le sang». D’autres panneaux rappelaient comme lutter contre cette radicalisation de la différence entre les groupes identitaires: « Combattons les cons par l’éducation ». Enfin, dans le flux des marcheurs, parfois les mots étaient inutiles. Un simple objet, le crayon levé en l’air, suffisait.
Combattons par l’éducation
La marche organisée avec une volonté de ne pas être récupérée politiquement s’est déroulée calmement depuis le boulevard Albert II jusqu’à la gare du Midi, en passant par le boulevard Anspach. Si certains ont essayé de faire passer des messages plus politiques par leurs calicots, les marcheurs contournaient les banderoles et des voix s’élevaient pour revenir au silence. Plusieurs personnalités du monde des médias et de la culture étaient présentes, telles que Philippe Gelück ou Stéphane De Groodt. A la fin de la marche, l’ambassadeur français Bernard Valero remerciait les quelque 20.000 personnes rassemblées pour ce «magnifique bras d’honneur à la connerie».
Au-delà du choix de chacun de participer à cette marche dans les rues de Bruxelles, ce mouvement «Ensemble contre la haine» aura permis de créer le dialogue entre des personnes qui ne se connaissaient pas. Certains manifestants réalisaient: «Nous étions dans une sorte de coma, avant ces assassinats». Un coma dans lequel la liberté d’expression va de soi. La mort de 12 personnes au siège de Charlie Hebdo aura réveillé les consciences. Le président de l’association des journalistes professionnels constatait dimanche 11 janvier, à la fin de la marche: «un lien plus solide s’est créé entre ceux qui exercent la liberté d’expression, nous les journalistes, et les citoyens qui contribuent à cette liberté.»
Anne-Françoise de Beaudrap