Le Conseil supérieur national des personnes handicapées annonce que près de 1.500 personnes handicapées en Belgique vont se retrouver, dès ce mois de janvier, privées de tout revenu. Plusieurs associations telles que la Ligue braille réagissent.
L’Onem a confirmé les chiffres du Conseil supérieur national des personnes handicapées cette situation qui s’explique par la limitation à trois ans du droit aux allocations d’insertion … une mesure entrée en vigueur le 1er janvier 2012.
Pour éviter les effets de cette mesure, l’Onem avait prévu des dérogations qui prolongent de deux ans le droit à l’allocation d’insertion pour deux publics cibles: d’abord pour les personnes présentant des problèmes de nature médicale, mentale, psychique ou psychiatrique, mais aussi les personnes reconnues inaptes à travailler à plus de 33 %. Une mesure d’urgence a encore été ajoutée en accordant deux mois supplémentaires, pendant lesquels le SPF Sécurité Sociale pourra faire transiter ces personnes vers le régime des allocations pour personnes handicapées.
Malheureusement, certains statuts spécifiques passent entre les gouttes de ces dérogations : ce sont les personnes « sans capacité de gain », ces travailleurs qui ont cessé d’exercer leur emploi du fait d’une aggravation de leur état physique de plus de 66 % et qui ne sont pas en mesure de rechercher un autre emploi à cause de ce même handicap. Pour ces personnes spécifiques, aucun revenu de remplacement à l’allocation d’insertion n’est prévu par l’Onem. « C’est scandaleux!« , s’exclame notamment le directeur de la Ligue braille. Michel Magis, directeur de l’association d’aide aux personnes malvoyantes et aveugles, détaille sa réaction dans La Libre Belgique: « Nous sommes d’accord avec le principe que les personnes sans capacité de gain n’ont pas vocation à toucher le chômage mais plutôt une allocation pour personnes handicapées. Mais on ne peut pas le leur supprimer sans qu’un autre revenu ne soit prévu. » Il fait alors allusion à un engagement de l’Office national pour l’emploi en 2014 : « à défaut de pouvoir être pris en charge par l’assurance maladie-invalidité, les chômeurs sans capacité de gain restent à charge de l’assurance-chômage« .
Le Conseil Supérieur National des Personnes Handicapées interpelle le nouveau gouvernement à ce sujet en soulignant que « chaque citoyen mérite d’être rassuré par rapport à ses perspectives d’avenir au sein de la société. » Et le SPF Sécurité sociale a promis de traiter en urgence la situation de ces exclus du chômage. Il n’empêche… Le directeur de la Ligue braille, Michel Magis, s’exclame: « Des personnes handicapées vont donc se retrouver sans revenu pendant un ou plusieurs mois. C’est inacceptable ! Inhumain ! »
Anne-Françoise de Beaudrap