Suite à la chute du président Blaise Compaoré, ce vendredi 31 octobre, l’armée a pris le pouvoir au Burkina Faso. Après la fuite de l’ex-président, qui s’est réfugié en Côte d’Ivoire, et une brève période de confusion, c’est le numéro deux du régiment de la sécurité présidentielle, le lieutenant-colonel Isaac Zadi, que l’armée a désigné pour conduire la transition politique au « Pays des hommes intègres ».
Samedi 1er novembre, le nouvel homme fort de Ouagadougou (capitale du Burkina Faso) a annoncé qu’il mènerait des consultations avec les « forces vives de la nation », c’est-à-dire principalement les partis de l’opposition et la société civile, afin de préparer de futures élections – sans que les modalités de cette transition ne soient précisées, ni qu’une échéance précise ne soit fixée.
Après la vague de soulagement et d’enthousiasme suscitée par le départ du président Compaoré, après 27 ans de pouvoir marqués certes par une grande stabilité, mais également par des assassinats politiques présumés et une corruption de plus en plus marquée, les manifestants, les opposants et les différents acteurs de la société civile ont réagi négativement à ce « coup d’Etat constitutionnel ». Déception d’autant plus grande que la population, mobilisée en masse, avait, deux jours plus tôt, réussi l’exploit d’empêcher une révision de la Constitution burkinabè, qui aurait permis à Compaoré de se maintenir au pouvoir pendant longtemps encore. La chute de ce dernier a suscité un immense espoir de renouveau démocratique.
Mais, si le courage et la détermination des manifestants burkinabè ont eu raison de ce régime, qui a court-circuité la démocratie pendant plus de deux décennies, il faut se rappeler que, depuis 1966, le Burkina Faso (anciennement Haute-Volta) n’a connu que des régimes dirigés par des militaires. Bien que Blaise Compaoré ait réussi à « donner le change », en suscitant un système ayant toutes les apparences d’une démocratie présidentielle et parlementaire, mais noyautée de l’intérieur à son seul profit. Avec comme résultat, aujourd’hui, une opposition divisée et affaiblie, et une partie importante de la société burkinabè corrompue par le régime.
Mobilisation internationale et spirituelle
Après la prise de pouvoir par le lieutenant-colonel Zida, une médiation internationale s’est mise en place, conduite conjointement par l’ONU, l’Union Africaine et la CEDEAO (organisation politique de l’Afrique de l’Ouest), pour tenter d’amener l’actuelle transition vers une issue démocratique, en exhortant l’armée burkinabè à remettre le pouvoir aux civils.
Parallèlement à cette mobilisation politique internationale, l’archevêque de Ougagadougou, le Cardinal Philippe Ouedraogo, a appelé les catholiques de son pays, ce dimanche 2 novembre, à une mobilisation spirituelle à travers une neuvaine de prière, pour « la réconciliation, la justice et la paix » au Burkina Faso.
Christophe Herinckx (avec AFP, Zenit et Jeune Afrique)
Légende Photo: Cardinal Philippe Ouedraogo
(c) Photo: Burkina 24