Le quotidien italien La Repubblica a rendu public les menaces qui pèsent à l’encontre de don Luigi Ciotti. Le prêtre est dans le collimateur d’un chef de la mafia sicilienne pour ses activités de gestion des biens saisis aux organisations mafieuses.
Le chef de la mafia sicilienne Cosa Nostra, Salvatore Riina, 74 ans, incarcéré au pénitencier Opera de Milan depuis 1993, a lancé des menaces contre Don Luigi Ciotti, le 14 septembre 2013, a révélé le quotidien la Repubblica dans son édition du 31 août 2014. Le prêtre âgé de 69 ans est le fondateur de Libera, la principale association italienne antimafia, qui s'occupe en particulier de la gestion des biens saisies aux mafias.
Lors d’une promenade quotidienne dans la cour pénitentiaire, Salvatore Riina, qui est en permanence sur écoute, aurait confié à son codétenu Alberto Lorusso (chef de la Sacra Corona Unita, la mafia des Pouilles): "Ce prêtre est une icône et une figure qui ressemble au P. Puglisi, il doit donc connaître le même sort" et: "Ciotti, Ciotti, nous pourrions le tuer lui aussi, ce fils de pute". Le P. Pigliesi, béatifié le 25 mai 2013, avait été assassiné en 1993 en raison de son travail de prévention auprès des jeunes, qu’il cherchait à éloigner de la mafia. Il adressait des avertissements aux mafieux dans ses homélies, parfois même sur le parvis de son église. A la suite de cette conversation, interceptée en 2013 par la Direction d'investigation antimafia (DIA), des mesures de protection ont été demandées pour Don Ciotti. Elles ont été accordées d'autant plus facilement que des menaces avaient été lancées par le même Riina, quelques jours plus tôt, contre le magistrat Nino Di Matteo, procureur du procès sur les tractations supposées entre le crime organisé et l'Etat. Le boss de la mafia sicilienne avait précisé "faisons-le vite".
Poursuivre le combat
Don Ciotti, aujourd'hui au courant des menaces qui pèsent sur lui, déclare avec courage: "La lutte contre la mafia est un acte de fidélité à l'Evangile, à sa dénonciation des injustices, des violences, à sa volonté d'être du côté des victimes, des pauvres, des exclus". Et il ajoute: "La politique doit soutenir davantage ce chemin", car "la mafia n'est pas seulement un fait criminel mais l'effet d'un vide de démocratie, de justice sociale, de bien commun".
"Ces menaces sont la preuve que notre travail a une incidence, qu'il griffe, qu'il gagne du terrain...," déclare encore Don Ciotti. "Je me reconnais dans l'Eglise qui interfère, une Eglise qui accueille, qui garde la porte ouverte à tous, même à ceux qui, criminels ou mafieux, sont mus par un sincère, profond désir de changement, de conversion". A la suite des révélations de la Repubblica, Don Ciotti, a reçu des milliers de messages de solidarité.
MVL, d’après La Vie - image: Don Ciotti, invité sur le plateau TV de la 7 (capture d'écran)