D'après une étude faite par l'école de criminologie de l'université de Louvain, il y a quelques années, il a été découvert que si l'un d'entre nous est agressé, il ne doit surtout pas crier "au secours". Si ce genre de mésaventure nous arrive, il est, toujours selon ces chercheurs, préférable de crier "au feu". En effet "au secours" ne concerne que la victime tandis que "au feu", c'est peut-être nous tous qui sommes concernés. "Au secours" nous paralyse, "au feu" nous mobilise. Deux mots peuvent ainsi changer la destinée d'une personne.
Et voilà que l'évangile nous fait découvrir qu'il existe d'autres feux dans la vie. Il y a bien évidemment celui des flammes mais il y a aussi un feu intérieur qui peut nous consumer petit à petit tellement nous glissons sur cette pente de la vie qui peut conduire à une véritable fournaise de laquelle nous ne savons pas toujours comment en sortir. Si cela nous arrive, il nous reste à espérer que nous aurons autour de nous des personnes prêtes à nous aider, à nous interpeller dans la douceur pour que nous puissions ouvrir nos yeux et prendre conscience de ce qui nous arrive et vers où nous allons.
Puissions-nous chacune et chacun être entourés de guetteurs vigilants, à l'instar d'Ezékiel dans la première lecture. Des guetteurs qui nous aiment et qui, au nom de cet amour, se lèvent et viennent vers nous pour nous prendre la main et nous ouvrir vers un nouveau chemin. Tout simplement car, comme le clame Saint Paul, "les commandements se résument dans cette parole: tu aimeras ton prochain comme toi-même. L'amour ne fait rien de mal au prochain. Puisque l'accomplissement parfait de la loi, c'est l'amour". C'est donc dans l'amour que cela doit se vivre. Mais si des guetteurs nous entourent, cela signifie également que nous avons à être guetteurs pour d'autres. Et là, les choses peuvent parfois se compliquer un peu surtout dans notre société qui prône l'individualisme comme une valeur sûre. Cet individualisme conduit à nier la valeur sociale de nos actions. Il est vrai qu'il est tellement plus facile de parler des autres, que de s'adresser à l'autre. Pourtant, c'est ce que l'évangile nous invite à vivre sans aucune concession. Cela nous demande à la fois courage et discrétion, douceur et vérité, patience et déception. Nous semons en lui quelque chose de l'ordre de l'indicible pour qu'un jour, quand il l'aura décidé, il se relève de lui-même. Nous avons une tâche à réaliser: permettre à chacune et chacun de se mettre debout lorsqu'il ou elle trébuche. De la sorte, suivre le Christ ce n'est plus être spectateur mais acteur de notre vie en étant guetteur de celle des autres.
Philippe Cochinaux, o.p.