Divorcés remariés : quand un évêque français s’inspire d’un jésuite belge


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Divorcés remariés : quand un évêque français s’inspire d’un jésuite belge
Par Jean-Jacques Durré
Publié le
3 min

Mgr HoussetDans un éditorial publié sur le site de son évêché, Mgr housset, l'évêque de La Rochelle (France), reprend à son compte les arguments d'un jésuite belge, soucieux de faire réfléchir l'Église sur la question des divorcés remariés.

Le Synode sur la famille qui se tiendra à Rome en octobre prochain continue d'alimenter les débats. En France, Mgr Bernard Housset, évêque de La Rochelle et Saintes, a tenu, dans un long éditorial sur le site Internet de l'évêché, à préciser sa réflexion sur les unions des personnes de même sexe et sur les divorcés remariés. Pour cela, il n'hésite pas reprendre à son compte les arguments du jésuite belge Philippe Bacq, publiée en mars dernier dans la revue "Etudes". "Un article qui donne vraiment à penser", précise Mgr Housset, qui espère ne pas "dénaturer" la pensée de ce dernier.

Le père Bacq constate tout d'abord la méconnaissance de la loi naturelle, sur laquelle s'appuient la théologie catholique et la réflexion sur le mariage. A l'heure actuelle, cette notion paraît compliquée. La plupart des familles et des pasteurs ne s'y réfèrent pas, préférant suivre au mieux leur conscience. Le jésuite belge propose donc de réfléchir autrement, à partir de deux affirmations essentielles de saint Thomas d'Aquin.

L'autre est vraiment "l'absolu à respecter"

Première affirmation: "La créature raisonnable participe elle-même de cette providence divine en pourvoyant à soi-même et aux autres. C'est une telle participation de la loi éternelle qui, dans la créature raisonnable, est appelée loi naturelle." Pour le père Bacq, la personne de l'autre est vraiment "l'absolu à respecter", et cela quelle que soit l'orientation sexuelle de la personne, précise Mgr Housset.

Un second point présenté par saint Thomas d’Aquin est également essentiel. En effet, à côté des préceptes premiers et immuables, il y a les préceptes seconds. Eux non plus "ne changent pas dans la plupart des cas, mais il peut y avoir des changements en tel cas particulier". Ceux-ci sont légitimes s’ils promeuvent "ce qui est utile à la vie humaine". Or, les sciences humaines nous ont fait découvrir que certains sont attirés par des personnes du même sexe. C'est leur nature, ils n'y peuvent rien. Non seulement, poursuit le théologien, "interdire toute relation homosexuelle est perçu comme une discrimination insoutenable", mais en plus, "la répression de l'exercice de la sexualité, imposée du dehors, peut conduire à des conséquences néfastes".

Distinguer la substance de la foi et sa formulation

Toujours en s'appuyant sur les mêmes réflexions, Mgr Housset rappelle la position traditionnelle de l’Église selon laquelle si l’on se remarie après un divorce, on ne peut plus recevoir l’Eucharistie, car "le sacrement de mariage est indissoluble". Certes, il existe le recours en nullité, précise l'évêque, mais celui-ci est loin de satisfaire de nombreux couples séparés "qui sont persuadés que leur vie de couple n’a pas été nulle, n’a pas compté pour rien". Pour le père Bacq comme pour l'évêque de La Rochelle, "la pratique des Églises orientales, qui permet un deuxième ou un troisième mariage, ne paraît pas si contraire aux textes fondateurs. Le vœu de l’amour sera toujours que les couples restent unis la vie durant. Accepter un nouveau mariage pour des divorcés ne remet pas en question ce principe de fond... Mais, si des difficultés insurmontables apparaissent, comment vivre cet autre aspect du christianisme : la foi au Christ qui pardonne et libère?" Reprenant la distinction de Jean XXIII, lors de l’ouverture du concile Vatican II, le théologien invite donc les pasteurs d’aujourd’hui à distinguer plus nettement la substance de la foi et la formulation dont on la revêt. "La Bonne Nouvelle du Christ sur l’amour et le mariage sera d’autant mieux manifestée", conclut-il.

P. A. (avec La Vie)


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