Pour Mgr Sako, les Américains n’en font pas assez en Irak


Partager
Pour Mgr Sako, les Américains n’en font pas assez en Irak
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

Irak refugiesMgr Louis Raphaël Sako, le patriarche des chaldéens, juge "décevante" l'intervention américaine dans le nord de l'Irak, limitée à la protection d'Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. Il pointe également le difficile accès à l'aide humanitaire.

Dans une lettre ouverte publiée le 10 août dernier, Mgr Louis Raphaël Sako, le patriarche des chaldéens, fait le point sur la situation des chrétiens d'Irak. Il juge décevante "la position du président américain Obama de n'apporter une assistance militaire que pour protéger Erbil". Des dizaines de milliers de chrétiens ont effectivement trouvé refuge dans d'autres villes, comme à Dohuk où, selon lui, la situation est "pire" que dans la capitale du Kurdistan irakien.

Le patriarche se désole également du fait qu'il n'y ait aucune "stratégie pour assécher la source de pouvoir et de ressources de ces terroristes islamiques". Enfin, il met en exergue le difficile accès à l'aide humanitaire. "La mort et la maladie frappent les enfants et les personnes âgées. (…) Le manque de coordination internationale ralentit et limite la mise en œuvre d'une assistance efficace à ces milliers de gens qui attendent un soutien immédiat."

Un véritable génocide

Pour Antoni Yalap, président du Comité de soutien aux chrétiens d'Irak en France, la première des priorités, c'est d'organiser l'aide humanitaire. "Les chrétiens et les Yazidis sont en état de choc. Ils n'ont plus rien. Ils ont pour seuls biens les vêtements qu'ils portent sur eux. La Croix-Rouge et Caritas essaient de les assister, mais ils sont littéralement dépassés par l'ampleur du phénomène. L'eau vient à manquer, la nourriture aussi."

Pour lui, ce qui se passe en Irak est "un véritable génocide". "C'est notre patrimoine, notre histoire, notre identité qui sont saccagés", ajoute-t-il. "Aux alentours de Qaraqosh, six autres bourgades ont été investies par les djihadistes. On y recense des profanations de cimetières, des statues détruites, des parchemins brûlés. Nous attendons que la communauté internationale protège ces lieux qui sont constitutifs de ce que nous sommes."

Des interventions limitées dans le temps

Le Vatican, de son côté, semble se résoudre à l'idée d'une intervention militaire. Le 9 août dernier, Mgr Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies, a déclaré que celle-ci est "nécessaire en ce moment pour arrêter l'avancée des djihadistes en Irak". Etonnant pour une institution qui désapprouve généralement le recours aux armes. Dans une interview accordée au journal "La Croix", le père Christian Mellon, membre du Centre de recherche et d'action sociales en France, explique qu'aux yeux de l'Eglise, une intervention militaire n'est légitime qu'en cas d'épuration ethnique ou de génocide, et plus généralement lorsque "des populations civiles risquent de succomber sous les coups d'une agression injuste". Ce qui semble être le cas en Irak.

En 2000, Jean-Paul II avait toutefois que ces interventions "doivent être limitées dans le temps, avoir des objectifs précis, être mises en œuvre dans le plein respect du droit international, être garanties par une autorité reconnue au niveau supranational et n'être jamais laissées à la pure logique des armes".

P. A. (avec La Croix et Radio Vatican)

Catégorie : International

Dans la même catégorie