A partir de ce mardi 19 août, le quota annuel en ressources naturelles de la Terre est dépassé. C’est un jour plus tôt qu’en 2013, trois jours plus tôt qu’en 2012 et quarante-deux jours plus tôt qu’en 2000!
En moins de huit mois la population mondiale a consommé la totalité des ressources naturelles que la Terre est capable de renouveler en l’espace d’une année. Elle entre donc dans une période de déficit écologique, avertit le WWF selon les données recensées par le Global Footprint Network, une organisation internationale de recherche environnementale.
Le Global Footprint Network met en balance la demande de l’humanité sur la planète – son empreinte écologique – et la biocapacité de la terre, à savoir sa capacité à reconstituer les ressources de la planète et à absorber les déchets, y compris le CO2. Le « Earth Overshoot Day » est la date à laquelle l’empreinte de l’humanité dans une année donnée excède ce que la Terre peut régénérer durant cette même année. Depuis 2000, ce dépassement ne cesse d’avancer, selon les calculs réalisés par le Global Footprint Network, passant du 1er octobre en 2000 au 19 août en 2014.
En 50 ans, l’équilibre s’est inversé
En 1961, nous n’utilisions encore que trois-quarts de la capacité régénératrice de la terre pour produire notre consommation annuelle. Beaucoup de pays présentaient des biocapacités plus grandes que leurs propres empreintes respectives. Ce n’est qu’au début des années ’70 que les proportions se sont inversées et que nous sommes entrés dans le dépassement écologique.
Aujourd’hui, 86% de la population mondiale vit dans des pays qui demandent plus à la nature que ce que leurs propres écosystèmes peuvent renouveler. Selon les calculs du Global Footprint Network, il faudrait une planète et demie pour produire les ressources écologiques renouvelables nécessaires pour soutenir l’empreinte actuelle de l’humanité.
Plus de 50% de l’empreinte écologique de l’humanité est due aux émissions de gaz à effet de serre produites par l’homme. Les coûts de ce dépassement planétaire sont à la fois écologiques – déforestation, pénurie d’eau douce, érosion des sols, perte en biodiversité et accumulation de CO2 dans l’atmosphère – économiques et humains.
De nombreuses solutions sont disponibles et permettent de s’attaquer au problème: passer massivement à l’énergie renouvelable, diminuer la consommation et opter pour des régimes alimentaires moins riches en viande, viser une économie circulaire sur base du recyclage et de la réutilisation, repenser l’urbanisme, la mobilité et la fiscalité etc.
De timides efforts
On pointera dans la presse de ce jour deux initiatives qui contribuent, à leur échelle, à réduire notre impact écologique. D’abord, la proposition du ministre wallon Carlo di Antonio d’instaurer une consigne sur les canettes. Une consigne de dix centimes d’euro par canette permettrait selon le ministre de l’environnement de réduire considérablement la pollution le long des routes et dans les champs. Cette proposition est toutefois déjà critiquée par Comeos, la fédération belge du commerce qui estime la mesure « coûteuse, complexe à mettre en œuvre et peu efficace pour lutter contre les déchets sauvages ». Une autre initiative qui, elle, semble porter ses fruits: le système de partage de véhicule. En Belgique, la société Cambio voit chaque année le nombre d’utilisateur augmenter des 10%. La société qui met plus de 600 véhicules à disposition de ses 20.000 membres espère que le partage de voitures puisse devenir un réflexe automatique dans les projets de développement des villes.
Le WWF appelle une nouvelle fois le gouvernement fédéral belge à inscrire la transition énergétique à son agenda. « L’investissement dans les énergies renouvelables représente la clé de voûte pour mettre en place cette transition énergétique essentielle à notre société », a commenté Geert Lejeune, directeur de la conservation au WWF. Le fonds mondial pour la nature (WWF) publiera début octobre sa nouvelle édition du Living Planet Report, un rapport sortant tous les deux ans et qui met en lumière l’état de notre planète. Dans ce rapport, nous prendrons également connaissance de l’évolution de l’empreinte écologique belge.
CP/MVL