La Belgique ne fait pas des miracles en matière de mise à l’emploi des étrangers. Seuls 56,8% des étrangers extra-européens vivant en Belgique ont décroché un emploi dans notre pays.
Une récente étude d’Eurostat, l’office européen des statistiques, a mis en lumière le fait que plus de la moitié des étrangers non-européens vivant en Belgique n’ont pas d’emploi. Dans ce secteur, le Belgique enregistre le taux le plus bas parmi les pays de l’Union européenne. La Croatie serait encore moins bon élève, mais les experts d’Eurostat estiment que les résultats relatifs à ce pays ne sont pas fiables. Bien loin devant, l’Allemagne enregistre un taux d’activité des étrangers estimé à 66,8%, suivi par la France (64,8%) et les Pays-Bas (61,8%). Ces trois pays ont pourtant un marché de l’emploi et une structure de population qui ressemblent grandement aux nôtres. Outre la discrimination à l’embauche, les politiques en matière de recrutement et de formation en vigueur dans notre pays peuvent expliquer partiellement ce faible taux de mise à l'emploi. Le type d'immigration enregistré par notre pays est également un facteur à prendre en considération.
Insiders vs outsiders
Selon Vincent Colruy, qui vient de publier une thèse de doctorat sur le taux d’emploi des étrangers (Université d’Anvers), les immigrants présentent en général un niveau de formation trop faible. Il a expliqué au journal Le Soir que le niveau de formation a fortement augmenté en Belgique ces quinze dernières années alors qu’il est resté stable dans les pays non-européens. De son côté, le Centre pour l’égalité des chances a réagi en mettant en avant les exigences linguistiques élevées imposées par la Belgique, surtout en région bruxelloise. Le Centre a également mené une enquête qui a confirmé que la discrimination à l’embauche était largement répandue dans notre société. Les départements de ressources humaines ont confirmé cette tendance en reconnaissant que les candidats étrangers devaient davantage prouver leurs compétences lors d’un entretien d’embauche. "La façon dont le marché du travail belge est organisé crée une division très forte entre les insiders et les outsiders de ce marché de l’emploi, et cette situation est exacerbée par une discrimination à l’embauche qui a été démontrée", a ajouté Vincent Colruy. Il semble donc que le système de sélection et de recrutement est plus discriminatoire en Belgique que dans les autres pays de l’Union.
Le type d’immigration propre à la Belgique justifie également le faible taux d’emploi des étrangers hors Europe vivant sur notre territoire. L’année dernière, le monitoring socio-économique publié par le SPF économie et le Centre pour l’égalité des chances avait mis en exergue le fait que "notre pays a surtout attiré des groupes qui étaient plus difficiles à insérer sur le marché du travail". La grande majorité des étrangers extra-européens que nous accueillons présentent en effet un faible profil socio-économique.
S.T. (d'après Le Soir)