La fresque de St Jean avait disparu il y a vingt ans, après avoir été ramenée d’Ethiopie par des ethnologues français. Elle rejoindra les peintures de la même église, au Musée du Quai Branly.
Le mois passé, le Musée du Quai Branly a fait retirer in extremis une représentation de saint Jean d'une vente organisée par la maison Piasa. La raison? De "fortes suspicions" que cette peinture, provenant à l'origine d'une église éthiopienne, fut celle volée à l'ancien Musée de l'Homme. C'est Jacques Mercier, un spécialiste de l'Ethiopie, qui a donné l'alerte. Si on ignore encore comment l'oeuvre a disparu du Musée de l'Homme, elle s'est en tout cas retrouvée au... marché aux puces. L'oeuvre est emblématique de l'art éthiopien des périodes du Gondar et du Zemene Mesafent.
C'est en juillet 1932 que le célèbre ethnologue Marcel Griaule avait découvert ces peintures, lors de la mission Dakar-Djibouti. Ayant pour but de réunir un maximum d’informations sur les peuples de l’empire français d’Afrique, la mission Dakar-Djibouti avait permis de nombreuses découvertes inédites. Constatant l'état très dégradé des peintures, Marcel Griaule avait obtenu des autorités ecclésiastiques l'autorisation de faire remplacer les peintures par des copies à l'huile exécutées par le peintre Gaston-Louis Roux. La mission avait gardé les originaux, ce qui avait été perçu comme du vol par les Ethiopiens, mais l'empereur avait tranché en faveur des Français. Au musée de l'Homme, les toiles avaient été restaurées dès 1933.
Saint Jean version éthiopienne retrouve donc ses onze compagnons au Musée du Quai Branly, sur un ensemble de 60 m² de peintures marouflées sur toile, donné à l’époque par le Négus Hailé Sélassié.
M.B. (d’après Le Figaro)
Crédit photo : Drouot