Une étude publiée par l’OCDE rapporte que l’immigration est bénéfique pour l’économie de notre pays car elle y contribue. La Belgique serait l’un des pays où les travailleurs immigrés rapportent le plus de recettes fiscales.
Selon une étude réalisée par l’OCDE, l’effet fiscal et budgétaire moyen d’un immigré rapporterait annuellement 3.500€ à l’Etat belge. Par rapport aux autres pays, ce montant fait de la Belgique l’un des pays d’accueil où le travail des étrangers contribue le plus à enrichir les caisses de l’Etat. Si l’on met de côté les pensions, ce montant moyen par immigré représente près d’1% de notre PIB. "Avec la faible croissance du PIB belge ces dernières années, on voit que sans l’immigration, la Belgique serait en récession", souligne le politologue François Gemenne, spécialiste des migrations.
L’immigration a également prouvé ses bienfaits sur le marché du travail et l’amélioration des salaires. "Sur le marché de l’emploi, l’immigration suit une logique de complémentarité plutôt que de substituabilité: les immigrés ne viennent pas pour les mêmes emplois que les natifs", assure Frédéric Docquier, professeur d’économie à l’UCL. "Les immigrés prennent les salaires tout en bas de l’échelle et font ainsi gagner un échelon aux natifs, notamment dans les professions qui requièrent peu de qualifications", fait-il remarquer. Les chiffres de l’OCDE confirment cette tendance en révélant qu’en Belgique, l’immigration enregistre un impact moyen de +0,27% sur les salaires. L’analyse va même jusqu’à démontrer que les villes enregistrant un taux d’immigration plus important ont également des salaires légèrement supérieurs à la moyenne.
Le besoin de déstigmatiser les clichés
A côté de cela, l’on constate un paradoxe étonnant. Non seulement la Belgique est l’un des pays où le travail des immigrés rapporte le plus, mais elle est aussi l’un des pays où le taux de chômage des étrangers est le plus élevé. D’après le professeur en économie, cette main d’œuvre pourrait être mise au travail s’il n’y avait pas autant de discrimination au niveau de l’accès à l’emploi.
Les effets de l’immigration ne peuvent pas toujours être quantifiés. Il n’y a pas d’analyse qui puisse calculer les effets des immigrés sur la productivité, la consommation ou encore l’innovation. L'immigration influe également sur d’autres facteurs comme le capital social de notre pays, la diversité culturelle. Beaucoup pointe du doigt son effet sur la criminalité, même si à ce jour, aucune étude n’a pu établir de lien entre immigration et délinquance.
Un mauvais timing pour diminuer l'immigration
Les politiques migratoires appliquées par Maggie De Block, la Secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, ont diminué de 10% le taux d’immigration entre 2011 et 2012. Une diminution qui, selon les chiffres publiés par l’OCDE, coûterait en théorie pas moins de 47 millions d’euros à l’Etat. Un chiffre qui, en réalité, doit être légèrement diminué, nuancent les spécialistes en économie, expliquant qu’il dépend du niveau d’éducation des travailleurs et que les 10% concernent des travailleurs moins qualifiés que la moyenne des migrants en Belgique.
"Nul ne sait de quoi sera fait l’avenir, mais il est certain que cette restriction de l’immigration coïncide avec les départs à la retraite des nombreux babyboomers et des premiers immigrés", analyse Frédéric Docquier. Surtout que la hausse du taux d’émigrés se confirme année après année.
S.T. (avec La Libre)