Plus 200.000 femmes avaient servi d’esclaves sexuelles durant la Guerre du Pacifique. Des survivantes ont été invitées à rencontrer le pape François durant sa prochaine visite en Corée.
Le 18 août prochain, le pape célébrera une messe en la cathédrale Myeongdong de Séoul, la capitale de Corée du sud.
Selon la dépêche AFP qui rapporte la nouvelle, c’est en mars dernier que les associations des dernières "femmes de réconfort" ont reçu l’invitation pour assister à la messe papale.
Des femmes bafouées
Les "femmes de réconfort" sont ces femmes, dont le nombre est estimé à près de 200.000, qui ont été forcées de servir d’esclaves sexuelles pour l’armée impériale japonaise durant la Seconde Guerre mondiale. Tout au long de ses conquêtes militaires, l’armée japonaise a instauré des "bordels militaires" dans lesquels des femmes étaient forcées de se prostituer. Pour le haut-commandement japonais, le but était de maintenir le moral des troupes et de mieux contrôler les soldats.
Cette opération ayant été maintenue discrète par l’armée nippone, les chiffres restent encore flous. Selon les estimations, entre 100.000 et 400.000 femmes auraient été victimes de cet esclavage sexuel. Aujourd’hui, la plupart des victimes de ce traitement sont décédées. Il n’en resterait plus que 54 en Corée.
Il semble que le principe des "femmes de réconfort" n’ait été adopté qu’en 1937 (au début de la Guerre Sino-Japonaise). Mais les territoires de l’Indochine, de Birmanie, de Malaisie et d’Indonésie n’ayant été envahi qu’en 1942, cette opération ne dura que trois ans dans ces pays-là. Par contre, les femmes de Corée et de Chine ont dû vivre bien plus longtemps ce calvaire.
Soixante ans après, les excuses se font encore attendre
En 1993, le gouvernement nippon avait reconnu l’implication du Japon dans l’organisation de ces viols de masse et avait exprimé "des remords à toutes les femmes qui subirent des souffrances physiques et mentales irréparables". Cette reconnaissance aurait dû être suivie d’excuses officielles… qui ne vinrent jamais.
Au grand dam des victimes, le gouvernement japonais refuse toujours de demander pardon pour les actes de ses soldats et n’envisage pas plus de verser des compensations financières. Même si rien ne pourra réparer leur traumatisme, les femmes victimes ne veulent pas se contenter de belles déclarations.
Cependant, Tokyo soutient un "Fonds pour les Femmes d’Asie", qui a versé des dédommagements de 1995 à 2007.
Cette affaire est encore source de nombreuses tensions entre les gouvernements d’Asie.
M.B.