Avec la sixième réforme de l’Etat, les allocations familiales vont être transférées aux Régions. La Ligue des Familles en a profité pour mener une réflexion et proposer une réforme en profondeur.
Ce 1er juillet, plusieurs points vont changer pour les Belges. A côté de la nouvelle formule moins coûteuse des appels et sms envoyés ou reçus au sein de l’Union européenne, ou de la plus grande transparence dans la communication des hôpitaux, il y a aussi les entités fédérées qui obtiennent dès aujourd’hui la capacité juridique sur les compétences qui leur ont été transférées lors de la négociation de la dernière réforme de l’Etat. Parmi les matières transférées, figure le gros dossier des allocations familiales. Un transfert dont la Ligue des familles n’était pas favorable mais qui s’y était toutefois préparée. Cela fait déjà quatre ans que la Ligue prépare le terrain et s’attèle à la proposition d’une réforme complète des allocations familiales. Interrogée par le quotidien Le Soir, la directrice du département des études et service politique de la Ligue des Familles, Delphine Chabbert explique qu’ils veulent "forcer le débat. (…) Nous devons déjà penser à ce que nous voulons comme système d’allocations pour demain. Et demain, c’est 2019. Si on veut être prêt, les Régions doivent ouvrir ce débat maintenant", assure-t-elle.
L’évolution d’une vision
La Ligue s’est interrogée sur les objectifs principaux des allocations familiales. Il s’agit en priorité d’un coup de pouce financier aux couples qui ont décidé de fonder une famille. L’autre objectif majeur est celui de réduire un maximum la pauvreté infantile. On est donc bien loin de la vision nataliste d’après guerre qui encourageait les couples à enfanter pour booster le système. De cette optique jugée désuète découle d’ailleurs le fait que les allocations familiales sont plus élevées pour le second enfant que pour son aîné. "Ces rangs n’ont plus de sens ", réagit Delphine Chabbert. Et d’ajouter qu’ "au contraire, tout le monde vous dira que l’enfant qui coûte le plus cher c’est le premier et pas le troisième! " La Ligue propose donc de supprimer ces différences de rangs et d’instaurer une allocation unique par enfant d’environ 160€.
Lutter contre la pauvreté infantile
La Ligue veut également changer la donne de l’allocation complémentaire. Aujourd’hui encore allouée selon le statut, la Ligue des Familles entend faire valoir le niveau de revenu, beaucoup plus pertinent dans notre société contemporaine. Car avec le système actuel, les parents pauvres et leurs enfants ne peuvent bénéficier de ce complément alors que les chômeurs, les pensionnés et les familles monoparentales en bénéficient. Pour beaucoup de familles pauvres, le revenu est capital voire même vital. La Ligue des Familles estime que tout ménage (et famille monoparentale) avec enfants dont les revenus ne dépassent pas les 2.300€ ont le droit de toucher ces 50€ supplémentaires par enfant. La Ligue entend aussi modifier la formule du supplément d’âge. Elle estime que les âges concernés actuellement, à savoir 6, 12 et 18 ans "ne correspond pas à une augmentation réelle du coût de l’enfant". Son service d’études propose plutôt un supplément d’âge unique de 50€, à partir de 14 ans. Cette nouvelle réforme que propose La Ligue a été étudiée en fonction de l’enveloppe allouée aux Régions. "Nous avons un léger excédent qui devrait être résorbé en 2015 ", assure sa directrice. En attendant... patience… La décision de mener plus loin une profonde réflexion est entre les mains des futurs gouvernements régionaux.
S.T.