Alors que les regards sont tournés vars le conflit entre Israël et le Hamas, une autre guerre continuent à nos portes. En Ukraine, les combats continuent de faire rage entre les forces armées ukrainiennes et les séparatistes pro-russes. Avec en marge une tension entre l’Eglise catholique et les orthodoxes russes.
L’armée ukrainienne a marqué un point sur le plan militaire contre les rebelles pro-russes avec le déblocage de l'aéroport de Lougansk lundi, au moment où Moscou fait monter la tension après un incident frontalier. Endommagé et fermé depuis plusieurs semaines, l'aéroport de Lougansk était contrôlé par les loyalistes, mais rendu quasiment inaccessible par la présence de forces séparatistes tout autour. Il apparaissait comme l'un des points importants des défenses des insurgés sur le chemin de Lougansk.
Pendant ce temps, la recherche d'une solution politique semble au point mort. La rencontre du président russe Vladimir Poutine avec la chancelière allemande Angela Merkel à Rio, en marge de la finale du Mondial, n'a abouti qu'à la répétition de leurs souhaits, à savoir des négociations directes entre Kiev et les séparatistes pour parvenir à un cessez-le-feu bilatéral. Mais, la concrétisation de ces souhaits se heurte à l'exigence préalable de l'Ukraine de reprendre le contrôle de sa frontière avec la Russie, exigence rejetée les rebelles et Moscou.
En marge du conflit, cette crise ukrainienne a des répercussions sur les relations entre l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe russe. Depuis le début du conflit, le pape François a lancé des appels au dialogue, mais le Saint-Siège est en face d’une équation difficile, voire quasi-impossible à résoudre. D'un côté, le patriarcat de Moscou accuse l'Eglise grecque catholique ukrainienne (uniate), rattachée à Rome, d'être à l'origine des souffrances des Ukrainiens et de nuire au rapprochement entre Rome et Moscou. De l’autre côté, les uniates, martyrisés sous Staline, sont très remontés, notamment après l’enlèvement d’un prêtre à Donetsk par un groupe armé, baptisé « Armée orthodoxe russe ». De plus, ils reprochent au Saint-Siège sa tiédeur par rapport à Moscou.
Début juin déjà, le métropolite Hilarion du patriarcat de Moscou, reprochait violemment à la hiérarchie gréco-catholique d'avoir joué un rôle destructif aux côtés du patriarcat orthodoxe autonome de Kiev.
Le cardinal suisse Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens, a offert sa médiation entre patriarcat de Moscou et grecs-catholiques ukrainiens, une offre refusée par Moscou, selon l'agence catholique Asianews.
Par ailleurs, une rencontre historique entre le patriarche Kirill de Moscou et le pape François, en préparation depuis longtemps, a été reportée sans qu’aucune autre date n’ait été précisée. Or, au début de l’année, on estimait que cette rencontre était en bonne voie. Preuve des tensions existantes, pour éviter des provocations, le patriarche Kirill a prudemment choisi de ne pas assister à Kiev aux obsèques du métropolite Volodymyr, décédé le 5 juillet, qui était à la tête de l'Eglise orthodoxe russe d'Ukraine.
La situation est donc complexe et les appels au cessez-le-feu semblent bien peu porteurs. Le métropolite par intérim Onoufriï, qui remplace Volodymir, a d'ailleurs appelé les rebelles pro-russes à déposer les armes. L'élection du successeur de Volodymyr devra se déterminer par rapport au séparatisme pro-russe et pourrait aboutir à de nouvelles divisions entre orthodoxes ukrainiens rattachés à Moscou.
J.J.D.