Le mouvement Pax Christi International a fait part de son inquiétude après la décision du gouvernement japonais de réviser la Constitution de 1947, dont l’article 9 consacre la renonciation à jamais du Japon à la guerre. L’organisation déplore la remise en question de cette charte pacifiste.
Mardi, le gouvernement japonais a approuvé le projet de révision de la Constitution, qui intègre désormais le droit à l’autodéfense collective. Une décision voulue par le Premier ministre Shinzo Abe, nationaliste convaincu, qui veut voir l'armée japonaise jouer un plus grand rôle extérieur, devant la dégradation de l’environnement sécuritaire. Cette nouvelle approche sécuritaire peut en effet conduire les forces d’auto-défense à recourir à la force militaire lors des missions à l’étranger et permettrait aussi au Japon d’exercer le droit de légitime défense collectif. Pour Pax Christi, il s’agit d’ un tournant majeur dans l'histoire du pays depuis la fin de la dernière guerre.
Pax Christi international déplore la remise en question de cette charte pacifiste qui constituait "un signe d’espérance dans un monde qui aspire à une paix authentique, inclusive et durable". Selon Pax Christi, l’article 9 a poussé le Japon à privilégier le dialogue et la diplomatie faisant de ce pays un facteur de stabilité régionale, un modèle pour le monde entier. De son côté, la conférence des évêques catholiques japonais a appelé les autorités politiques à ne pas exposer la population au danger de la guerre. Cette révision est un pas dans la mauvaise direction, estime le mouvement catholique.
Pax Christi International et plusieurs de ses organisations affiliées, y compris le Conseil Catholique Justice et Paix (CCJP) du Japon, mènent depuis de longues années une campagne pour la préservation de la version originale de l’article 9 de la constitution qui stipule, qu’"aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l'ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à la menace, ou à l'usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux. Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l'Etat ne sera pas reconnu."
Les évêques également opposés
Avec les modifications apportées par la révision constitutionnelle de l’article 9, le gouvernement autorise l’usage de la force comme moyen de légitime défense non seulement lorsque le Japon est attaqué mais aussi quand un proche allié du Japon fait également l’objet d’une attaque. "Cette nouvelle attitude de l’actuel gouvernement japonais constitue un tournant historique pour le Japon depuis la Seconde Guerre monde mondiale et un affaiblissement de son engagement constitutionnel pour la non-violence", dénonce Pax Christi. "Nous exhortons vivement le gouvernement japonais à gérer les différends territoriaux dans l’esprit de l’article 9 plutôt que de procéder à la révision d’un article aussi important que visionnaire de la constitution japonaise", précise un communiqué de l’organisation pacifiste.
Selon Pax Christi, des sondages récents ont montré que la majorité du peuple japonais souhaite garder la constitution pacifique dans sa version originale. Les leaders religieux et des personnalités éminentes des organisations de la société civile ont également haussé le ton et fait connaître leurs mécontentements quant aux amendements à l’article 9. La Conférence des évêques catholiques du Japon ont publié récemment une édclaration dans laquelle il appelle fermement le Premier ministre Abe et son gouvernement à "ne pas exposer le peuple japonais et les peuples des autres nations aux dangers de la guerre mais au contraire à léguer à nos enfants un monde en paix débarrassé de toute guerre". Pour les évêques nippons, les gouvernants de l’Empire du Soleil Levant porteraient une "lourde responsabilité" si la modification a lieu.
J.J.D.