La prochaine grande conférence sur le climat aura lieu à Paris le 1er décembre 2015. D'ici-là, un collectif d'organisations et de personnalités de différentes traditions religieuses et philosophiques invite toutes les personnes que ce thème préoccupe à jeûner chaque premier jour du mois.
Le jeûne, c’est écolo et… œcuménique! Athées, chrétiens, musulmans, bouddhistes et juifs ont décidé de reprendre cette vieille pratique religieuse pour mobiliser l’opinion publique sur les enjeux du changement climatique. Ainsi, le 1er juillet prochain, aura lieu, en France, la première journée de "jeûne pour le climat", une opération qui se répétera chaque mois jusqu'à la tenue, en décembre 2015 à Paris, du prochain sommet sur le climat. L'objectif? Exprimer sa solidarité avec les personnes pauvres et vulnérables qui souffrent et souffriront du changement climatique, et pousser à l'adoption d'un accord global, contraignant et juste dans ce domaine.
Rompre avec nos comportements
Tout à fait originale, cette initiative a été lancée à Varsovie, en novembre 2013, lors la dernière grande conférence de l'ONU sur le climat. Alors que le super typhon Haiyan venait de frapper son pays, causant la mort de plus de 7.000 personnes, Yeb Sano, le chef de la délégation des Philippines, avait effectivement décidé de jeûner pour manifester sa solidarité avec ses compatriotes et peser sur les négociations en cours. Catholique pratiquant, il avait alors recueilli le soutien de nombreuses ONG et personnalités, notamment religieuses. Depuis lors, le mouvement n'a cessé de prendre de l'ampleur. La France est le 22e pays à suivre l'initiative d'une journée de jeûne mensuelle. "Il s'agit d'un acte positif de liberté pour rompre avec nos comportements", a déclaré Nicolas Hulot.
Afin de mobiliser un maximum de personnes, la forme du jeûne est laissée au choix de chacun. Jeûne individuel ou collectif, jeûne de 24 heures ou jeûne d'un repas… tout est possible. Même le jeûne sans carbone a été suggéré. Il s'agit, dans ce cas, de réduire sa consommation d'énergie, en décidant, par exemple, de circuler à vélo plutôt qu'en voiture ou de faire un repas sans viande afin de diminuer son empreinte carbone.
Un devoir de justice pour les chrétiens
Yeb Sano est loin de prêcher dans le désert. Depuis plusieurs années, les Eglises chrétiennes se sont mobilisées sur le thème de la sauvegarde de la création. Le patriarche orthodoxe de Constantinople Bartholomée est très engagé sur cette question. Et côté catholique, une encyclique du pape François devrait être publiée sur ce sujet, sans doute dans le courant de l’année prochaine.
"L’Eglise catholique se joint à cette initiative car le changement climatique est le principal défi à long terme pour notre planète", a déclaré Mgr Marc Stenger, représentant de la Conférence des évêques de France, lors du lancement officiel de l'opération, le 4 juin dernier. "Léguer une terre saine aux générations futures est un devoir de justice pour les chrétiens." Pour sensibiliser les catholiques, la Commission Justice et paix transmettra d'ici à la fin de l'année, aux 6.000 paroisses de France des informations sur le réchauffement climatique et le jeûne.
Pascal ANDRE (avec La Croix et La Vie)