L’avertissement lancé par l’Organisation internationale du Travail (OIT) est un véritable pavé jeté dans la mare. Les mesures d’austérité budgétaire prises par les Etats, à la suite de la crise financière de 2008 ont eu des retombées négatives sur les populations les plus vulnérables et affaibli les chances d’un retour de la croissance.
Dans un nouveau rapport sur la protection sociale, l’Organisation internationale du Travail (OIT) fustigent les mesures d’assainissement budgétaire, adoptées suite à la crise financière de 2008. Le coût de ces dernières est effectivement « transférer aux populations, à une période où l’emploi est rare et le soutien plus nécessaire que jamais », déplore Isabel Ortiz, directrice du département de la protection sociale de l’OIT. Résultat: dans l’Union européenne, on estime désormais à 123 millions le nombre de personnes considérées comme pauvres, ce qui représente environ un quart de la population. Parmi celles-ci, on trouve beaucoup d’enfants, de femmes, de personnes âgées et de handicapés.
Les avantages d’une bonne protection sociale
L’Europe n’est pas la seule à être confrontée à cette problématique, puisque depuis 2010, pas moins de 122 gouvernements ont réduit leurs dépenses publiques, malgré l’impérieuse nécessité de soutenir les populations les plus vulnérables et de stabiliser la consommation. Selon l’OIT, la protection sociale est effectivement un outil politique essentiel pour réduire la pauvreté et les inégalités tout en stimulant la croissance inclusive, puisqu’elle améliore la santé et les capacités des segments vulnérables de la société, augmente leur productivité, soutient la demande intérieure et facilite la transformation structurelle des économies nationales.
Sur ce point, les chiffres communiqués par l’agence onusienne ont de quoi inquiéter:
– Aujourd’hui, plus de 70% de la population mondiale n’a pas de véritable protection sociale;
– Environ 39% de cette population n’a pas accès à un système de soins ou de santé et, dans les pays pauvres, ce pourcentage grimpe à 90%.
– 12% des chômeurs touchent des allocations de chômage.
– 49% des personnes ayant dépassé l’âge de la retraite dans le monde ne touchent aucune retraite. En outre, beaucoup de retraites sont en-dessous du seuil de pauvreté et, dans au moins 14 pays européens, les pensions vont baisser pour les futurs retraités.
Une question de volonté politique
Face à cette situation, l’OIT demande donc que les dépenses de protections sociales figurent « en bonne place dans le programme de développement pour l’après 2015« . « C’est une question de volonté politique pour que cela se concrétise« , a expliqué Sandra Polaski, directrice générale adjointe de l’OIT. « Une société moderne a les moyens de fournir une protection sociale. »
Les raisons d’espérer existent en effet. Certains pays, comme la Thaïlande ou l’Afrique du Sud, sont parvenus à une couverture de santé universelle en quelques années seulement. Et la Chine, pays émergent, a presque réussi « la couverture universelle des retraites et a augmenté les salaires minimaux ».
P. A.