Dans un communiqué intitulé « Réflexion sur la situation provoquée par la dette extérieure », publié mardi 24 juin, le Comité exécutif de la Conférence épiscopale argentine a demandé aux dirigeants « une attitude mature d’unité et de responsabilité afin de répondre, à travers une négociation juste, à la situation générée » par la dette du pays.
La dette publique: un problème récurrent qui semble insurmontable pour l’Argentine, où une personne sur cinq vit sous le seuil de pauvreté.
« Nous avons suivi avec attention et préoccupation pastorale la situation créée par la dette extérieure et ses possibles conséquences sur notre pays et la vie de notre peuple, en particulier pour nos frères les plus vulnérables, après la récente décision de la Cour Suprême de Justice des Etats-Unis. » L’Argentine avait été sommée par la justice américaine, le lundi 16 juin, de rembourser deux fonds spéculatifs dits « vautours », qui détiennent des parts de la dette argentine, et qui avaient refusé de participer à la restructuration de celle-ci.
La Cour Suprême des Etats-Unis a rejeté le recours de l’Argentine, confirmant la décision du juge américain Thomas Griesa, de New York, qui avait ordonné au pays de payer la dette aux différents fonds d’ici au 30 juin. Le ministère argentin de l’économie a averti ne pas être en mesure de le faire car cela demanderait une nouvelle banqueroute. Des négociations entre le gouvernement et les deux fonds spéculatifs concernés ont débuté lundi 20 juin. Le gouvernement argentin est pris à son propre jeu: après avoir accepté de confier son argent à ces deux fonds américains, il est maintenant incapable de rembourser la somme… mais surtout ses intérêts.
« Nous comptons sur la volonté et le professionnalisme de nos dirigeants, des partis politiques, des hommes d’affaires, des économistes et des dirigeants syndicaux pour trouver un espace de dialogue et travailler à résoudre la situation en question », indiquent dès lors les évêques, dans un communiqué assez critique envers le gouvernement. Il est vrai que les relations entre le gouvernement Kirchner et l’Eglise n’a pas toujours été facile.
Le problème de ces fonds d’investissements est bien souvent le taux de remboursement exorbitant qu’ils demandent à leurs débiteurs. Dans ces cas, une annulation de la dette est envisageable par la justice, mais pas toujours. Il est vrai qu’une annulation immédiate de la dette d’un pays peu aussi avoir des effets pervers bien connus des économistes. La précédente opération d’apurement de la dette argentine avait d’ailleurs provoqué une gigantesque inflation du peso en 2002.
Les évêques citent par ailleurs leur compatriote, le pape François, selon qui « l’économie centrée seulement sur la spéculation financière affaiblit les relations, retarde le développement des peuples et compromet l’équité de l’ordre international ». La spéculation a toujours été condamnée par l’Eglise catholique, tant pour sa déconnexion totale avec l’économie réelle que pour ses conséquences sociales négatives.
M.B. (d’après Fides)
Photo: la présidente argentine Christina Kirchner