« Les personnes en situation de handicap sont mises à l’écart de la société. » C’est ce que pensent 82% des 400 personnes qui ont participé à une enquête menée par la Ligue des familles. 95% d’entre elles considèrent également que l’accès à l’éducation des enfants différents doit être une priorité, si possible en les incluant dans l’enseignement ordinaire.
En mars et avril dernier, la Ligue des familles a sondé les citoyens francophones sur leurs rapports à la question du handicap. Au total, 400 personnes ont participé à cette enquête, dont les résultats viennent d’être publiés. Si ceux-ci ne sont en aucun cas représentatifs – certains groupes étant surreprésentés -, ils n’en demeurent pas moins indicatifs.
Premier constat: plus de deux tiers des participants (67,5%) déclarent avoir au moins une personne en situation de handicap ou à besoins spécifiques dans son entourage familial. Cette donnée est intéressante, car, à l’heure actuelle, il n’existe pas de statistiques fiables sur le nombre de personnes en situation de handicap en Belgique et en Europe. Cependant, selon le European Disability Forum, un Européen sur quatre aurait au moins une personne handicapée dans sa famille. Pourquoi une telle différence? Sans doute parce que, dans le cas de l’enquête de la Ligue des familles, le mot handicap recouvre tout autant les déficiences physiques, mentales et sensorielles que les troubles de l’apprentissage.
Un fort sentiment d’exclusion
Il ressort également de cette enquête que 82% des participants pensent que les personnes en situation de handicap sont mises à l’écart de la société. Un chiffre qui monte à 96,9%, lorsque ce sont les personnes directement concernées qui s’expriment sur ce point. Dans une certaine mesure, le nombre de signalements pour discrimination reçus par le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme vient corroborer l’avis de la majorité des participants à l’enquête. En effet, en 2012, le handicap était le troisième critère de discrimination en nombre de plaintes après celui de la race ou de l’appartenance religieuse.
Concernant l’accessibilité des lieux publics, environ six personnes sur dix (62%) pensent que celle-ci s’est améliorée ces dernières années, tout comme l’accès à la culture. Par contre, près de la moitié des participants estime que l’évolution est loin d’être aussi positive au niveau de l’accès à l’éducation, au marché de l’emploi et à la vie citoyenne.
Tous ensemble vers l’inclusion scolaire
La Ligue des familles leur a ensuite demandé dans quel domaine ils estimaient urgent d’agir. 94,8% ont répondu: l’accès à l’éducation. Viennent ensuite: l’accessibilité des lieux publics et le droit à une aide financière, humaine et matérielle. « Pour pouvoir agir efficacement dans ces différents domaines« , fait remarquer la Ligue des familles, « les pouvoirs publics devraient disposer de statistiques complètes et fiables. Or, en Belgique, les bases de données, comme les compétences législatives et exécutives, sont réparties entre différents niveaux de pouvoir. »
Enfin, un des grands enseignements de cette enquête réside dans le fait que la quasi-totalité (97,5%) des personnes interrogées se dit favorable à l’inclusion scolaire, lorsque c’est possible. Malheureusement, « malgré cette ouverture déclarée« , note la Ligue, « cela semble encore coincer sur le terrain dans de nombreux cas. (…) Il semble donc plus que jamais nécessaire d’informer et de sensibiliser le grand public aux pistes d’action concrètes qui existent pour que les intentions et la réalité coïncident. »
Pascal ANDRE
Pour consulter les résultats de l’enquête dans leur intégralité, cliquez ici.