Vincent Lambert est un Français dans le coma. Mardi soir, le Conseil d’Etat a ordonné de mettre fin à son alimentation et hydratation artificielles. Mais, coup de théâtre, la Cour Européenne des droits de l’Homme a suspendu cette décision.
Citoyen ordinaire, Vincent Lambert n’aurait pas vu son cas devenir si controversé sans un accident de voiture en 2008. Depuis, il reste vivant mais ne peut absolument plus communiquer. Il est donc plongé dans un état "pauci-relationnel" ou "végétatif".
Un malade au cœur des débats sur la fin de vie
Depuis plusieurs années, la famille se déchire autour du corps sans réaction du pauvre homme: les parents et les frères/sœurs d’un côté, l’épouse et le neveu de l’autre. Diverses instances administratives ont déjà rendu des avis divergents mais ce mardi 24 juin, le Conseil d’Etat était invité à rendre un arrêt final.
Alors que l’ensemble des juges avait été convoqués pour l’occasion, le Conseil d’Etat français estime légale la décision prise le 11 janvier 2014 par le médecin en charge de Vincent Lambert de mettre fin à son alimentation et hydratation artificielles. Dans les attendus de l’arrêt, les juges estiment que la poursuite de l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert constitue une "obstination" qui le maintient artificiellement en vie. Ce genre de cas est pourtant réglé par la loi dite "Léonetti" qui interdit aux médecins français de pratiquer l’acharnement thérapeutique.
La CEDH saisie en urgence
Saisie en urgence, notamment par les parents de Vincent Lambert, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a décidé de demander à la France de suspendre provisoirement l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert.
La Cour de Strasbourg, dans son arrêt, considère que l’arrêt des soins d’un malade comme Vincent Lambert est incompatible avec la Convention européenne des droits de l’Homme! En effet, la convention stipule que "la mort ne peut être infligée à quiconque intentionnellement, sauf en exécution d'une sentence capitale".
La décision de la CEDH fait une référence indirecte à la Belgique, puisqu’elle précise "cette mesure provisoire implique que M. Vincent Lambert ne soit pas déplacé avec le but d’interrompre le maintien de son alimentation et de son hydratation." La famille Lambert craignait en effet que leur fils Vincent ne soit déplacé en Belgique pour y être euthanasié.
Mais cette mesure n’est que provisoire, la Cour se prononcera plus tard sur la recevabilité et le bien-fondé de l’affaire.
M. B.