A Berlin, un pasteur, un rabbin et un imam ont pour projet de créer une « maison de prière et d’enseignement ». Ils souhaitent y promouvoir le dialogue interreligieux. L’Eglise catholique n’est pas partenaire, mais n’exclut pas de s’investir dans le projet.
Le 3 juin dernier, le pasteur Gregor Hohberg, le rabbin Tovia Ben-Chorin et l’imam Kadir Sanci ont remis chacun symboliquement la première pierre de la « maison de prière et d’enseignement » qu’ils envisagent de créer en plein cœur de la capitale allemande. Un bâtiment qui ne comporterait aucun signe distinctif, mais serait composé de trois lieux de culte donnant sur une pièce centrale, lieu d’échange entre chrétiens, juifs et musulmans.
Cela fait trois ans déjà que les représentants des trois religions portent ce projet, en discutent et débattent en toute liberté des questions théologiques et politiques qu’il soulève. Certains musulmans, par exemple, craignent que cette démarche mène à une dilution des religions. L’imam Kadir Sanci a donc dû les rassurer sur ce point et leur expliquer que rien de ce qui se passera dans ce lieu ne sera en désaccord avec les préceptes de l’islam.
Un message fort
Si ce sont les protestants qui sont à l’origine de cette initiative, la communauté juive de Berlin s’est vite laissée entraîner dans l’aventure. « Construire un lieu d’échange entre les religions dans la ville où fut planifiée l’extermination des juifs est un message fort« , rappelle le rabbin Tovia Ben-Chorin. La recherche d’un partenaire musulman, par contre, s’est avérée plus difficile, notamment pour les raisons évoquées ci-dessus.
Les plans du bureau d’architectes Kuehn Malvezzi, lauréat du concours en 2012, ont dû intégrer certaines considérations: l’église doit ainsi pouvoir accueillir protestants, catholiques et orthodoxes. Car si l’Eglise catholique n’est pas partenaire, l’archevêché de Berlin se montre bienveillant. « Le dialogue interreligieux est pour nous aussi très important« , explique son porte-parole Stefan Förner. « Et il n’est pas exclu que l’Eglise catholique s’implique davantage à l’avenir. »
10 euros pour une brique
Pour que le rêve devienne réalité, l’association doit désormais rassembler 43,5 millions d’euros. Elle compte sur le financement participatif: chacun peut acheter une ou plusieurs briques pour 10€, via un site Internet, les dons individuels étant limités à 1% du total, pour garantir l’indépendance du lieu. Les travaux commenceront au plus tôt au printemps 2016.
P. A. (avec La Croix)