Le chef de l’Eglise maronite, le cardinal Bechara Boutros Raï, a suivi le pape François en Terre Sainte et poursuit actuellement son propre périple. Dans un contexte oriental tendu, sa visite marque un coup de pouce à la réconciliation et à l’œcuménisme.
Les Maronites sont les catholiques libanais, qui suivent la liturgie de St Maroun, évangélisateur du Liban au IVe-Ve siècle. Ils constituent la confession chrétienne la plus importante du Liban, mais leur diaspora est présente dans d’autres pays du Proche-Orient et du monde. C’est justement cette diaspora que le cardinal Bechara Boutros Raï voulait aller visiter, en sa qualité de Patriarche des Maronites.
Un contexte bien plus tendu qu’il n’en a l’air
Mais c’était sans tenir compte de la complexité de la situation au Proche-Orient, où le détail le plus anodin peut être révélateur de grandes tensions sous-jacentes.
La loi libanaise interdit tout contact avec l'Etat hébreu, en état de guerre avec le Liban, et les Libanais qui se rendent en Israël peuvent être accusés de haute trahison. Le voyage du Patriarche avait donc provoqué une vive polémique. Assailli de questions sur ce sujet par un journaliste de la chaîne télévisée France 24, le patriarche Raï avait même préféré mettre fin à l’interview en direct! Arrivé avec le pape depuis la Jordanie, Bechara Boutros Raï avait annoncé qu'il ne rencontrerait aucun responsable israélien et a affirmé que ce voyage avait été organisé sans aucune coordination avec les autorités israéliennes.
Durant son voyage, le cardinal Raï a visité différents groupes de chrétiens du Proche-Orient, des communautés souvent marquées par l’exil ou les persécutions. Il a incité les chrétiens de Terre Sainte à ne pas vendre leurs terres aux plus offrants et à rester chez eux pour affronter ensemble les difficultés.
Rendez-vous plus polémique: le cardinal Raï a célébré une messe pour les Libanais d’Israël. La plupart de ces familles ont fui vers Israël en 2000, quand l’Etat hébreu mit fin à l’occupation du sud-Liban. Actuellement, ces familles sont encore considérées comme des collaborateurs de l’ennemi. La visite du patriarche maronite permettra peut-être une meilleure réconciliation entre tous les Libanais.
Après avoir célébré "une messe pour la paix" dans la Basilique du Saint-Sépulcre, le cardinal Raï s’est enfin rendu à Beit Sahour, l’un des rares villages chrétiens de Palestine. Sauf qu’à Beit Sahour, ce ne sont pas des maronites mais des chrétiens de toute la région qui sont venus suivre sa messe. Une belle démonstration (réussie) d’œcuménisme.
M.B.