Une centaine de médecins se sont indignés de la politique migratoire de Maggie De Block. Issus de différents Centres spécialisés dans le traitement du sida, ces experts de la santé exigent que l’Office national des étrangers fasse l’objet d’un audit le plus rapidement possible.
Dans une lettre envoyée à l’ensemble des parlementaires, les 102 médecins signataires pointent du doigt la manière dont sont traités les dossiers de certains étrangers qui demandent l’asile pour raison médicale. Selon la loi, un patient peut demander de séjourner en Belgique si son état de santé risque, à court terme, de mettre sa vie en danger. Dans ce cas, le patient a le droit de séjourner dans notre pays le temps de se faire soigner par une équipe médicale qualifiée. Selon les médecins, c’est loin d’être la réalité puisque de nombreux étrangers, victimes de maladies mortelles, sont emmenés de force aux frontières.
Entre 2011 et 2013, le nombre de patients ayant reçu l’autorisation de rester en Belgique pour raison médicale a diminué d’un tiers. L’année dernière, moins de 2% des demandes d’asile pour raison médicale ont été reçues favorablement. Dans les colonnes du Soir, le docteur Rémy Demeester, du centre de référence sida du CHU de Charleroi, va même jusqu’à dénoncer des "directives internes secrètes" imposées aux médecins-conseils de l’Office des étrangers.
Absence totale de dialogue
Les médecins signataires dénoncent également le contact inexistant entre le patient, suivi par un médecin traitant, et les médecins-conseils de l’Office des étrangers. "Il est problématique qu’un dialogue entre le demandeur, son avocat, le cas échéant son médecin, et le médecin-conseil de l’Office des étrangers ne soit pas possible. Qu’est-ce qui empêche l’Office des étrangers de convoquer le demandeur et son avocat en vue d’un entretien? Pourquoi ne pouvons-nous pas prendre contact par téléphone avec le médecin-conseil de l’Office chargé de rendre un avis dans le dossier de nos patients?", s’interrogent les 102 médecins. Ce à quoi le cabinet de la Secrétaire d'Etat à la Politique de Migration et d'Asile, Maggie de Block, a répondu qu’"outre la difficulté de pouvoir réunir toutes ces parties, il est clair que la loi ne permet pas une telle procédure." Avant d’ajouter: "si vous voulez changer cela, il vous suffit de trouver une majorité parlementaire."
La Secrétaire d'Etat à la Politique de Migration et d'Asile a donc refusé qu’un audit soit effectué. Maggie De block s’est justifiée en précisant que la décision de renvoi de certains patients aux frontières dépendait de plusieurs facteurs et pas seulement de résultats médicaux.
S.T