Le gouvernement de la Communauté germanophone est connu: il sera présidé par Olivier Paasch, du parti ProDG. Le cdH dénonce la montée de "l’ultra-régionalisme". Mythe ou réalité?
La Communauté germanophone de Belgique ne compte que 70.000 habitants mais la vie politique y est tout aussi vivace. Et quatre jours après les élections, le nouveau gouvernement local est déjà constitué. Un grand changement: Karl-Heinz Lambertz cède sa place de ministre-président! Le socialiste germanophone était membre du gouvernement local depuis 1990 et était resté ministre-président durant 15 ans. Un record! Sous ses trois mandats, il avait participé à de nombreuses négociations institutionnelles… sans grand changement pour sa région.
La Communauté germanophone devient-elle nationaliste?
Le nouveau ministre-président est connu, il s’agira d’Oliver Paasch. Cet ancien cadre de banque de 42 ans était ministre de l’Enseignement dans le gouvernement sortant. Mais ce qui surprend, c’est qu’il est membre du parti ProDG (Pro Deutschsprachige Gemeinschaft – Pour la Communauté germanophone). ProDG s’assume en effet comme un parti régionaliste, demandant plus d’autonomie pour la petite Communauté germanophone.
Oliver Paasch sera le premier ministre-président autonomiste de la Communauté germanophone. Une nouvelle qui semble inquiéter Benoît Lutgen (cdH). Celui-ci a demandé aux partenaires de la coalition germanophone (le MR et le PS) de ne pas poursuivre leur alliance avec ProDG. Dans un communiqué, il explique "regretter" que le gouvernement germanophone choisisse un voie "ultra-régionaliste".
Il est vrai que le parti ProDG a comme principe de défendre l’autonomie dont la Communauté germanophone dispose depuis 1980. Son slogan est "Propre région, propre province", signifiant leur désir de voir le gouvernement local hériter des compétences traitées actuellement par la Région wallonne et la Province de Liège.
Cependant, ProDG s’inscrit résolument dans le cadre de la Belgique fédérale et ne demande pas de changements institutionnels au niveau national.
Alors pourquoi Benoît Lutgen se montre-t-il inquiet? La réponse est peut-être ailleurs. Aux élections du 25 mai, le CSP (branche locale du cdH) était comme toujours arrivé en tête du scrutin, avec près de 25% des voix. Les centristes ont donc gagné dans les urnes; mais vont-ils au gouvernement pour autant? Non, car les socialistes, libéraux et ProDG ont a nouveau constitué une coalition damant le pion au cdH. On imagine sans peine la frustration des centristes germanophones…
M.B.
(Photo: Oliver Paasch - Source: Parlement de la Communauté germanophone)