Avez-vous déjà remarqué ces personnes en uniforme bleu et rouge, transies par le froid et pourtant l'air si chaleureux, qui vous invitent à remplir leur marmite, l'hiver dans les rues du centre de Bruxelles? Cette sorte de soldats-là forme le corps d'une armée bien particulière qu'on appelle l'Armée du Salut. Une armée qui fête cette année les 125 ans de sa présence en Belgique, spécialement ce 29 mai.
Tout commence à Londres, à la fin du XIXe siècle, en pleine révolution industrielle. William Booth, un pasteur protestant, est choqué par la foule des ouvriers et ouvrières qui s'entassent dans les quartiers pauvres de l'Est londonien. Il veut du changement, mais estime que c'est de l'intérieur de l'homme que doivent venir les transformations. Ainsi, il propose aux ouvriers de découvrir l'Evangile, la Parole qui transforme. Mais le pasteur est aussi un homme réaliste et sait qu'avant de parler de Dieu, il faut donner du pain et des conditions de vie décentes. Alors, William Booth fonde l'Armée du Salut. Pourquoi une armée? Parce qu'à cette époque, beaucoup d'organisations se géraient de façon militaire pour pouvoir travailler plus vite et plus efficacement. Pourquoi le salut? Celui-ci n'est pas militaire; c'est le salut en Jésus-Christ. Et tous les soldats de l'Armée du Salut se battent aujourd'hui dans plus de 120 pays, pour que les laissés-pour-compte retrouvent une nouveauté de vie en découvrant la foi. Dans 15.000 lieux de cultes, appelés "postes", et dans de multiples services sociaux, médicaux, éducatifs et communautaires, 2,5 millions de salutistes servent cette noble cause aux deux accents, le spirituel et le social. Sur leur uniforme, ils arborent tous, avec fierté, le double S de "Sauvé pour Servir".
Une Eglise de la rue
L'Armée du Salut est une organisation qui ratisse large, malgré un manque criant de bénévoles. En Belgique, divers centres sociaux viennent en aide aux femmes seules avec enfant, aux enfants placés par le juge, aux étudiants, aux personnes âgées, aux malades… L'Armée du Salut doit pouvoir s'adapter aux différentes situations critiques rencontrées: la solitude cause beaucoup de dégâts dans les grandes villes; l'afflux des réfugiés, avec leur rejet ou leur difficile adaptation, entraîne aussi une grande détresse… C'est dans la rue que l'Armée du Salut rencontre le peuple de Dieu.
A Bruxelles, leurs marmites, où mijotent les dons de toutes sortes, sont visibles dès les premiers frimas, et surtout durant la période de Noël. Ce concept est né aux Etats-Unis dans les années 1920-30. Quelques dollars étaient déposés dans des marmites afin de soutenir les dockers en grève. Ils avaient ainsi de quoi manger un peu. Les Armées du Salut du reste du monde ont adopté cette façon de faire pour alimenter leurs différents centres sociaux. Autour des marmites, les soldats de l'Armée du Salut en profitent pour chanter des cantiques de Noël rappelant ainsi que la fête de Noël, ce n'est pas seulement boire et manger, mais qu'elle célèbre la venue du Christ, pauvre parmi les pauvres.
Ce 29 mai, à 19h, l'Armée du Salut fêtera les 125 ans de sa présence en Belgique par l'organisation d'un concert qui se donnera en l'église protestante de Bruxelles, Place du Musée.
Sylviane BIGARÉ