Réunis à Istanbul à l’invitation du patriarche Bartholomeos Ier de Constantinople, du 5 au 9 mars, les primats des Eglises orthodoxes ont annoncé la tenue d’un concile à la Pentecôte 2016. Cette rencontre des Eglises orthodoxes est attendue depuis plus de 50 ans.
A la Pentecôte 2016 devrait se tenir, dans l’église Saint-Irène d’Istanbul, un concile réunissant des représentants de toutes les Eglises orthodoxes autocéphales (14 au total) – le dernier eut lieu à Nicée en 787, avant le schisme avec l’Eglise catholique romaine. C’est ce qu’on décidé les primats réunis en « synaxe » au siège du patriarcat de Constantinople, du 5 au 9 mars. Une décision dont s’est réjoui le patriarche de Moscou, Kirill. Dans un entretien accordé à la télévision russe, il s’est notamment félicité du fait que les décisions conciliaires y seront prises par consensus.
« Cela signifie que chaque Eglise ne pourra présenter deux opinions différentes, que la position de chaque Eglise locale devra être formulée de telle façon d’exprimer l’opinion de tout son épiscopat, de son clergé et de son peuple fidèle« , a-t-il expliqué. « C’est extrêmement important, afin qu’il n’y ait pas de conflits, qu’il n’y ait rien qui puisse pousser les gens à la division. »
De nombreux points à discuter
Sur ce point, la partie est loin d’être gagnée. La liste des points à discuter est longue et n’a jamais abouti à un consensus jusqu’à présent: l’unification du calendrier liturgique (en particulier la date de Pâques), l’ordre de préséance entre Eglises (Moscou, plus récente, aimerait bien remonter dans le classement du fait de son importance numérique), le statut de l’Eglise d’Ukraine (non reconnue par Moscou), l’autocéphalie, l’avenir de la diaspora orthodoxe, les relations avec les autres Eglises, les questions éthiques et sociales, etc. Les tensions actuelles entre Antioche et Jérusalem, se disputant la juridiction sur les orthodoxes du Qatar, montrent d’ailleurs l’immensité de la tâche.
Vingt représentants par Eglise
Le fait que les primats des Eglises orthodoxes aient réussi à se mettre d’accord sur la date et les modalités du concile est donc un événement en soi. Les obstacles étaient effectivement nombreux, tant sur le fond que sur la méthode. En ce qui concerne la représentativité des Eglises, par exemple, deux écoles s’affrontaient: les uns souhaitaient que chacune des 14 Eglises orthodoxes envoie siéger au concile la totalité de leurs évêques – auquel cas l’Eglise orthodoxe russe écraserait numériquement toutes les autres; les autres demandaient à ce que chaque Eglise soit représentée par le même nombre d’évêques. C’est finalement la deuxième approche, plus conforme à la grande tradition conciliaire des orthodoxes, qui a été retenue avec le choix d’une délégation de vingt évêques par Eglise.
Ce qui est aussi novateur, c’est la mise en place d’une architecture de préparation et d’organisation du concile. Un comité inter-orthodoxe spécial travaillera de septembre 2014 à Pâques 2015. Ce travail sera suivi d’une conférence panorthodoxe pré-synodale convoquée au premier semestre de 2015.
P. A. (avec La Croix et La Vie)