Quinze mois après avoir mis fin à l'étude confiée à un institut de criminologie indépendant, la Conférence des évêques allemands rouvre le douloureux dossier des abus sexuels en Eglise. Elle vient d'annoncer le lancement d'une nouvelle enquête pour faire toute la lumière sur ce qui s'est passé.
La révélation en 2010 de centaines de cas d'abus sexuels ayant touché des enfants ou adolescents dans des institutions de l'Eglise catholique allemande avait déclenché un énorme scandale outre-Rhin. Des mesures avaient alors été prises par l'Eglise, notamment l'ouverture complète des archives de ses 27 diocèses, une idemnisation de 5.000 euros pour les victimes et le lancement d'une enquête confiée à une équipe de chercheurs indépendants, membres de l’Institut de criminologie de l’Université de Basse-Saxe. Cette dernière devait faire le jour sur le rôle joué par l'Eglise catholique dans cette affaire et permettre de trouver de nouvelles victimes. Un travail de recherche qui aurait dû s'achever cette année mais auquel la Conférence des évêques allemands a mis un terme en janvier 2013.
L'Eglise catholique allemande invoquait notamment un problème lié à la protection des données personnelles mais aussi le fait que la manière qu'avait le directeur de cette étude, le professeur Pfeiffer, de communiquer avec les responsables de l'Eglise; manière qui avait ôté toute confiance dans la possibilité de poursuivre un travail constructif .
Faire toute la lumière sur un sombre passé
Pour autant, l'Eglise a toujours assuré qu'elle souhaitait que la lumière soit faite sur ce douloureux passé et que ce n'était pas le projet d'enquête qui avait échoué, mais le partenariat. Elle a donc décidé de lancer une nouvelle étude qui sera dirigée cette fois par Harald Dressing, un spécialiste de neurologie. "Il s'agira de faire, de manière scientifique, toute la lumière sur les abus sexuels commis au sein de l'Eglise avec toute la transparence possible pour l'opinion publique et les victimes", a souligné ce dernier. Des informations seront notamment recueillies par le biais de questionnaires et d'entretiens menés avec les victimes et les auteurs de ces actes.
Placée sous la responsabilité de l'évêque de Trêves, Mgr Stephan Ackermann (photo), cette étude devrait durer plus de trois ans. Un million d'euros ont été débloqués pour la financer.
P.G.