La crise exacerbe les discriminations


Partager
La crise exacerbe les discriminations
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

discrimination à l'emploi 2Le Réseau européen contre le racisme (ENAR) tire la sonnette d'alarme et démontre, chiffres à l'appui, que la crise économique a exacerbé les discriminations à l'encontre des minorités et, plus particulièrement, des migrants. Et cela, que ce soit dans l'accès à l'emploi, au logement, à l'éducation ou aux services de santé.

Dans son dernier rapport, le Réseau européen contre le racisme (ENAR) confirme ce que le Bureau international du travail (BIT) avait déjà relevé en 2011: les périodes de difficultés économiques constituent un terrain propice à l'éclosion de discriminations au travail et cela, malgré l'existence d'une législation européenne anti-discriminatoire. L'ENAR a effectivement observé, entre 2010 et 2011, une augmentation généralisée du chômage affectant surtout les minorités ethniques. En Finlande et en Belgique, par exemple, les taux de chômage sont trois fois plus élevés pour les personnes nées en dehors de l'UE que pour celles nées dans le pays.

Inégalités de traitement

C'est évidemment à l'embauche que les discriminations se font le plus sentir. Au Royaume-Uni, les personnes ayant un nom qui sonne étranger sont trois fois moins susceptibles d'être sélectionnées pour un emploi que celles ayant un nom typiquement britannique. Aux Pays-Bas, plus de la moitié des agences de recrutement ont respecté la demande d'employeurs de ne pas sélectionner des candidats marocains, turcs ou surinamiens.

Enfin, toujours selon le rapport de l'ENAR, même lorsqu'elles ont un emploi, les minorités ethniques et religieuses continuent d'être traitées de manière inégale. Ainsi, en Hongrie, les salaires payés aux Roms sont plus bas que le salaire minimum hongrois. En Pologne, les travailleurs migrants sont souvent forcés de faire des heures supplémentaires sous menace d'être licenciés.

Des minorités surreprésentées dans les prisons

Les migrants et minorités ethniques sont aussi plus souvent confrontés aux services de police que les autres ressortissants nationaux et également plus souvent soumis aux brutalités policières. Sur ce dernier point, ENAR s’inquiète de la surreprésentation des minorités ethniques dans la population carcérale européenne. En République tchèque, 30% de cette population est d’origine Rom, alors que les Roms ne représentent que 2% de la population totale.

Bien que les Etats membres de l’UE aient transposé les Directives relatives à l’égalité, peu d’actions juridiques ont vu le jour et les dispositions ne sont pas souvent appliquées dans les faits. Dans la plupart des pays européens, on note, au contraire, des politiques migratoires plus restrictives, les pays cherchent à garder leur propre contrôle sur leurs frontières, mais aussi sur les personnes qui cherchent à y résider légalement.

Un seul remède à la crise: la solidarité

Dans ces circonstances, on comprend mieux pourquoi le pape François appelle si souvent à la solidarité. "De nos jours, de toutes parts, on demande une plus grande sécurité", explique-t-il dans l'exhortation apostolique "Evangelii Gaudium". "Mais, tant que ne s’éliminent pas l’exclusion sociale et la disparité sociale, dans la société et entre les divers peuples, il sera impossible d’éradiquer la violence. On accuse les pauvres et les populations les plus pauvres de la violence, mais, sans égalité de chances, les différentes formes d’agression et de guerre trouveront un terrain fertile qui, tôt ou tard, provoquera l’explosion."

Pascal ANDRE


Dans la même catégorie