Le Brésil au coeur du Carême malmédien…


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Le Brésil au coeur du Carême malmédien…
Par La rédaction
Publié le
3 min

Quoi de neuf - 1

Guy et Anne-Marie Grodent ont participé à un voyage d'immersion au Brésil. Le couple rejoignait un groupe de huit participants du diocèse dont cinq étaient Malmédiens. A l'occasion du carême 2014, tous étaient invités par "Entraide et Fraternité" pour rencontrer les "paysans sans terre". Témoignage...

Nous avons été chaleureusement accueillis dans cet immense pays plein de contrastes. Chaque jour, nous avons découvert une réalité différente... Des tribus indiennes dont le territoire se réduit toujours davantage aux coupeurs de canne à sucre exploités comme des esclaves, en passant par les "acampamentos", campements de familles de paysans attendant une terre. La terre est un enjeu important. D'une part, des sociétés multinationales recherchent et exploitent des superficies toujours plus grandes, à grand renfort de chimie, d'autre part, des petits agriculteurs tentent de s'organiser afin d'acquérir un lopin de terre, pour se nourrir, créer des coopératives et se former à l'agroécologie. La politique des responsables brésiliens n'est pas claire, car elle dit vouloir sortir les pauvres de la misère et en même temps, elle soutient l'agrobusiness. Dans le diocèse de Goiás, où nous avons principalement séjourné, l'Eglise soutient et organise les mouvements sociaux paysans. La commission pastorale de la terre réalise du très bon travail depuis plusieurs années.

Les coupeurs de canne à sucre mène la vie dure
La canne est la matière première pour la fabrication du sucre et du bioéthanol. Dès six heures du matin, des centaines de "semi-esclaves" sont répartis dans l'immense propriété (27.000 hectares). Le soleil se lève à peine, mais l'atmosphère est déjà chaude et chargée de suie. En effet, la zone à couper a été incendiée durant la nuit pour faciliter la coupe et augmenter le rendement. Chaque coupeur reçoit un équipement de protection obligatoire et une machette. Le soir les femmes ramasseront les restes de cannes que les machines n'auront pas su emporter. A midi, les coupeurs s'arrêtent une heure à l'ombre du vieux bus qui les a amenés le matin. Ils mangent du riz ou des pâtes avec un petit morceau de viande. L'eau n'est pas toujours très fraîche. Un contrôleur mesure avec son arpenteur la longueur de la zone fauchée et détermine le prix au mètre. Fransisco a coupé 90 mètres de canne soit près de 300 pieds en cinq heures de travail pour 45 rais, environ 17 euros. Le contrat de travail est mensuel et la sécurité sociale presque inexistante. Le syndicat est censé défendre les travailleurs, mais il est "vendu" aux grands propriétaires et aux dirigeants de l'usine. La tension est palpable. Dans cet environnement hostile, quelques Sœurs de l'Assomption, Sœur Maria et Sœur Naïr, osent aller au milieu des plantations, afin d'écouter et de réconforter ces hommes et ces femmes meurtris. Elles n'ont pas peur.

La résistance des Indiens Xavantes
Notre groupe a eu l'occasion de rendre visite à la tribu des Xavantes confinée sur de trop petites surfaces, celles-ci ne lui permettant pas de produire la nourriture en suffisance. Cette tribu a plusieurs fois vu son territoire se rétrécir alors qu'elle vit essentiellement de chasse, de pêche et de cueillette. La tragédie que vivent les Indiens nous interpelle. L'exploitation intensive de la forêt amazonienne par les multinationales de l'agrobusiness est la cause de la disparition rapide de leur environnement. Cette recherche du profit fait reculer chaque année la couverture forestière d'une surface égale à la Belgique.

Guy et Anne-Marie Grodent

Retrouvez l'entièreté du témoignage dans le cahier local
"Quoi de Neuf?" (02-13/2104) encarté dans le journal Dimanche.
Catégorie : Belgique

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