Le centre d’arbitrage en matière d’abus sexuels a déposé mercredi 26 février au Parlement son rapport de l’année 2013. Une grande majorité des victimes d’abus sexuels au sein de l’Eglise a choisi la voie de la conciliation.
L’Eglise belge continue au fil des jours sa vaste opération qui vise à aider les victimes d’abus sexuels par des prêtres à retrouver leur dignité. Ce centre d’arbitrage pour les personnes victimes d’abus sexuels au sein de l’Eglise a été mis en place pour traiter des faits prescrits par la justice. Au total, 621 requêtes ont été déposées et jusqu’à maintenant 264 cas ont été conciliés, dont une sans compensation financière. Parmi les conciliations, 214 concernaient des victimes masculines. Le rapport révèle également que les hommes néerlandophones sont majoritaires parmi les victimes.
De cette procédure particulière, les victimes attendent "avant tout d’être entendues, d’être écoutées, et surtout d’être reconnues par l’Eglise elle-même," explique la socialiste Karine Lalieux, présidente de la commission sur les abus sexuels. N’ayant pas été entendues par la justice, il est fondamental pour les victimes d’entendre que l’Eglise "reconnaisse qu’il y a eu abus, qu’il y a eu souffrance. Nombre d’entre elles ne viennent pas pour l’argent parce que leurs vies ont été gâchées et jamais on ne pourra dédommager des violences qu’on a pu faire sur des enfants," ajoute encore la députée PS.
Les personnes ayant déposé un dossier sont entendues par une équipe pluridisciplinaire. Cette équipe se compose d’arbitres permanents (juristes), d’un psychologue ou d’un victimologue et de représentants de l’Eglise. En fonction du type d’abus, le dossier est catégorisé et ce sont les magistrats et les arbitres permanents qui décident à combien s’élèvera le dédommagement.
Loin d’être une démarche pénale, les procédures de conciliation sont mises en place avant tout "pour reconnaître la responsabilité collective de l’Eglise. C’est d’ailleurs pour cela que l’Eglise dédommage aujourd’hui ses victimes", précise encore la parlementaire. Cette étape clôt ainsi un dossier qui n’avait jamais été ouvert auparavant, ni en justice ni au sein de l’Eglise.
Quid des autres lieux que l’Eglise?
Cette commission a été mise en place au départ pour venir en aide aux nombreuses victimes âgées qui, dans leur plus jeune âge, ont subi des abus au sein d’écoles ou de mouvements de jeunesse tenus par des personnes de l’Eglise. L’Eglise avait à l’époque la responsabilité de l’éducation des enfants, celle "d’évangélisation," ajoute Karine Lalieux. "C’est cette responsabilité collective qui a été reconnue. Nous n'avons pas de plainte par rapport à d’autres religions." Quant aux autres milieux, la députée fait remarquer qu’ils sont plus récents et donc les plaintes les concernant sont renvoyées directement à la justice.
Jour après jour, la commission continue de traiter les requêtes déposées avant le 31 octobre 2012. Il reste encore une cinquantaine de dossiers du côté francophone et plus de 200 côté néerlandophone. L’ensemble des conciliations devraient être clôturées en cours d’année 2015.
Nous actualiserons cet article dans le courant de l’après-midi avec les réactions de Mgr Harpigny, évêque de Tournai, référendaire pour la question d’abus sexuels au sein de l’Eglise.
ST