Plus de 5 ans après le déclenchement de la crise, le monde bancaire souffre d’un déficit démocratique. Voilà l’un des constats posés hier soir lors d’un débat à l’UCL, coorganisé par l’ADIC (l’Association chrétienne des dirigeants et cadres). Pour l’occasion, le prêtre et modérateur Serge Maucq avait réuni quelques experts.
« Les banques gagnent de nouveau beaucoup d’argent mais la société vit encore avec les plaies ouvertes de cette crise. » Le député européen Philippe Lamberts donne le ton dès l’entame de la soirée. L’homme interpelle : « On a un véritable problème démocratique ; près de six ans après la crise, celui-ci n’est toujours pas résolu. » Philippe Dembour, ancien banquier, a connu les problèmes de l’intérieur. Et l’homme d’évoquer la pression qui règne (encore et toujours) dans les agences. « Le législateur devrait se pencher sur l’exigence démesurée de rentabilité, qui est la cause de comportement déviants. » Les enjeux sont de taille. Car, comme le rappelle Jean-Philippe Ducart (Test-Achats), « au final, c’est toujours le consommateur qui trinque. » D’après lui, un des problèmes fondamentaux réside dans le manque de transparence et l’inutile complexité des produits bancaires. En ciblant également le monde politique, l’économiste Jean Hindriks (UCL et Institut Itinera) élargit le débat. Mais pointe aussi un paradoxe : les gouvernements nationaux sont trop petits pour protéger l’épargnant. Il conviendrait de prévoir une législation à l’échelon supérieur. Or, aucun gouvernement ne veut lâcher sa souveraineté nationale. La route est encore longue…
Vincent DELCORPS