Vassula Rydén donnera une conférence à l’église internationale de Banneux, le samedi 1er février à 14 h. Problème: les « visions » de cette grecque-orthodoxe n’ont été reconnues ni par son Eglise ni par l’Eglise catholique. S’il a finalement accepté la présence de Mme Rydén, Mgr Delville a cependant rappelé dans un communiqué les réserves exprimées par le Vatican.
C’est à chaque fois le même scénario: dès lors que Vassula Rydén programme une conférence dans une église, une frange de chrétiens ne manquent pas d’alerter l’évêché pour la faire annuler… Le problème s’est posé dans le diocèse de Liège puisque la voyante controversée doit venir à Banneux samedi prochain. Mgr Delville a donc été sollicité à son tour pour qu’il se prononce sur une telle présence et ce dernier a répondu dans un communiqué publié hier sur le site du diocèse de Liège, en répercutant l’avis du Saint-Siège qui a été alerté deux fois sur ce sujet.
Une « voyante » controversée
En fait, Mgr Delville ne s’oppose pas à cette conférence. Mais il la déconseille. « L’évêque a agi en toute connaissance de cause », explique l’abbé Léo Palm, recteur des sanctuaires de Banneux.
D’origine egyptienne et de confession orthodoxe, Vassula Rydén a compilé dans un recueil intitulé « La vraie vie en Dieu » près de deux mille messages qu’elle prétend avoir reçus du Christ depuis 1985. Or cet ouvrage largement diffusé (il est traduit en 40 langues), y compris dans les milieux catholiques, a été passé au crible de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Cette dernière s’est même penchée à deux occasions sur le cas de Mme Rydén. La première fois en 1995 pour rendre un avis négatif. Outre le caractère suspect des modalités à l’origine de ces présumées révélations, le cardinal Ratzinger (qui présidait à l’époque cette congrégation) a souligné certaines erreurs doctrinales (qui n’apparaissent désormais plus dans les écrits de Mme Rydén) et la participation de cette orthodoxe aux sacrements de l’Eglise catholique, créant de ce fait un désordre œcuménique.
Du coup, la Congrégation demandait alors aux évêques d’informer convenablement leurs fidèles, et de n’accorder aucune place dans leurs diocèses à la diffusion des idées de cette « voyante » controversée. (lire le texte complet du Vatican). Certains évêques (les archevêques de Paris et de Lyon notamment) continuent d’ailleurs à s’en tenir à cette recommandation et considèrent Mme Rydén comme persona non grata dans leur diocèse.
Révélations ou méditations?
Mais le Saint-Siège a publié un nouveau document en 2007 , moins intransigeant que le précédent dans la mesure où Vassula Rydén a fourni des éclaircissements sur certains points problématiques de ses écrits et sur la nature de ses messages, qui ne se présentent plus comme des révélations divines, mais plutôt comme des méditations personnelles. Et c’est sur ce document que Mgr Delville s’appuie pour accepter la conférence de Banneux. Selon l’évêque de Liège, Mme Rydén est en droit de donner de telles conférences. Même si l’Eglise catholique déconseille d’y participer comme l’a rappelé la Congrégation pour la doctrine de la foi à l’occasion de son deuxième avis.
Le sanctuaire de Banneux ne fait pas de « promotion » particulière de l’événement. Mais l’abbé Léo Palm y participera. Un chapelet et une messe votive dédiée à la Vierge Marie précéderont d’ailleurs la conférence. L’abbé est conscient que Mme Rydén ne peut pas faire certaines choses. Mais qu’en revanche, rien ne s’oppose à ce que son charisme aide à promouvoir l’Evangile…
Pierre GRANIER