A Verviers, un projet d’exposition consacrée au cinquantième anniversaire de l’immigration turque et marocaine fait l’objet de débats au conseil communal.
Il y a 50 ans, la Belgique signait avec la Turquie et le Maroc plusieurs conventions pour faciliter l’envoi de leurs travailleurs dans nos charbonnages et industries. Le slogan de cette campagne, « Bienvenue en Belgique », témoignait du contexte solidaire de l’époque.
Cinquante ans plus tard, plusieurs associations verviétoises ont voulu réaffirmer ce slogan en organisant une exposition pour célébrer les 50 ans de cette immigration. « Bienvenue en Belgique » devait être l’intitulé de l’expo mais, en décembre dernier, après des mois de préparation, le conseil communal a fait connaître son souhait d’en modifier le titre. « Le collège n’a pas voulu laisser entendre qu’à Verviers, les « étrangers » étaient les bienvenus. Or, c’était simplement le titre d’une brochure qui avait été édité il y a 50 ans par le gouvernement de l’époque pour inviter les travailleurs marocains et turcs à venir s’installer en Belgique pour y travailler. C’était simplement une référence historique », nous explique le conseiller PS Malik Ben Achour.
« C’était une décision de collège d’inverser le titre pour ne heurter aucun Verviétois, y compris ceux qui sont un peu frileux au niveau de l’intégration », a ajouté Martine Renier, l’échevine (cdH) de la Cohésion sociale et de l’Intégration.
Une inversion qui dérange?
Après négociations, la majorité MR-cdH a finalement obtenu d’inverser le titre et le sous-titre de l’exposition. Cette dernière s’intitule donc « Cinquante ans d’immigration turque et marocaine » avec comme sous-titre le fameux « Bienvenue en Belgique » replacé ainsi dans son contexte historique.
Sachant « qu’il y a 30% de la population (verviétoise) qui est frileuse, que 25% de la population est d’origine étrangère, et qu’il y a encore toute une série de personnes », l’échevine Martine Renier estime qu’il est de son devoir d’écouter les avis des uns et des autres et de rester dans une dynamique de consensus.
Pour de nombreux partenaires associatifs, cette polémique autour de l’appellation de l’exposition a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Ils se sont réunis autour du CRVI (Centre régional verviétois pour l’intégration) pour proposer des conditions à la ville de Verviers qui ne les a pas acceptées. A l’exception de l’asbl CIMA, la majorité des associations qui soutenaient le projet s’en sont retirées.
« Malgré le retrait de quelques partenaires, la ville de Verviers et la ville de Dison sont tout à fait partantes. Elles sont dans le projet, elles s’investissent beaucoup et il n’y a que ça qui m’intéresse. Nous n’avons pas changé une virgule ni aux objectifs ni à l’esprit du projet », a affirmé Necati Celik, directeur de l’asbl CIMA.
L’exposition d’hommage aura donc bien lieu mais dans un contexte politique tendu. Elle ouvrira ses portes dès le 15 février au CTML, le centre touristique de la laine et de la mode.
Sophie Timmermans