Le président tunisien Moncef Marzouki, le Premier ministre Ali Larayedh et le président de l’Assemblée constituante, Mustapha Ben Jaafar ont signé ce lundi la nouvelle Constitution du pays.
Plus de trois ans après la révolution populaire qui avait chassé le dictateur Zine al-Abidine Ben Ali en 2011, la Tunisie se dote d’une Constitution démocratique tenant compte des libertés des femmes. Si ces libertés avaient été acquises sous une dictature, elles n’en restaient pas moins importantes aux yeux des démocrates tunisiens, constituant la "marque de fabrique" de la société tunisienne. De manière emblématique, le port du voile ne sera pas obligatoire.
Un chemin en demi-teinte depuis la révolution
Après la révolution populaire de 2011, des élections avaient été organisées afin de mettre un nouveau système politique en place. Ces élections virent la victoire du parti islamiste modéré Ennahda ("Mouvement de la Renaissance"). Tant le dirigeant historique Rachid Ghannouchi que le Premier ministre Hamadi Jebali, se montrent rassurants sur leur volonté de jouer le jeu de la démocratie et de préserver les libertés des femmes. Le parti Ennahda, tiraillé entre sa volonté de favoriser un consensus tunisien et une base électorale tentée par la charia, fut parfois qualifié d’"islamiste BCBG".
Cependant, la version la plus radicale de l’islam politique, le salafisme, a également marqué la Tunisie. Les salafistes attaquèrent ainsi l’ambassade américaine en septembre 2012, attaque qui fit plusieurs morts. De manière plus générale, un sentiment d’islamisation rampante fut ressenti par les Tunisiens; la libération des ex-détenus islamistes des prisons de Ben Ali et l’arrivée de touristes issus des pays du Golfe persique y ont contribué.
La présente Constitution ne mentionnera pas la charia, mais fait néanmoins référence à lslam, une situation assez logique dans ce pays musulman à 98%.
M. B.