Couverture du "Petit Vingtième" en 1930
Le plus célèbre reporter fête aujourd’hui son 85e anniversaire. La BD en noir et blanc "Tintin au pays des Soviets", était publiée dans le journal catholique Le Petit Vingtième du 10 janvier 1929.
23 aventures, une cinquantaine de traductions et 200 millions d’albums écoulés, Tintin est un véritable héros du XXe siècle.
Dans Tintin au pays des Soviets, l’intrépide reporter à la houppe est envoyé par son journal faire un reportage en Union soviétique; s’ensuivent foules de péripéties qui passionneront les lecteurs de 7 à 77 ans.
Une presse farouchement anti-communiste
En ce contexte des années 30, l’heure est à la montée des dictatures. Hergé suit naturellement les opinions de la petite bourgeoisie catholique bruxelloise dont il est issu. Il entre au journal Le Vingtième Siècle, dessinant les illustrations du supplément jeunesse, Le Petit Vingtième. Dirigé par l’abbé Norbert Wallez, qui ne fait pas mystère de ses opinions de droite, le journal a pour but de conscientiser les catholiques aux dangers du communisme.
C’est ainsi que la première aventure de Tintin se passe en Union soviétique. Le pays a lancé la collectivisation un an auparavant et le 1er Plan quinquennal de 1928 prévoit la déportation au goulag de tous les paysans riches. L’abbé Wallez veut faire entrer cette réalité dans la tête des petits Belges, quitte parfois à forcer le trait. Si Hergé voulait faire rêver les jeunes par des aventures héroïques, ses supérieurs voyaient bien plus le potentiel politique de ses dessins.
Hergé: un personnage entre ombre et lumière
Au point de vue stylistique, Georges Rémi (initiales G.R., inversées en Hergé) atteint la perfection de la "ligne claire", mais ne fut pas exempt de critiques. Outre les préjugés de son époque, il fit également de mauvais choix au début de la guerre. Tintin au Congo ou L’étoile mystérieuse véhiculent ainsi les clichés de la société d’avant-guerre sur les Noirs ou les Juifs. Mais plus grave pour celui qui se disait patriote, fut sa collaboration comme dessinateur au journal Le Soir alors contrôlé par l’occupant nazi.
Très peiné par le contexte de la guerre et l’échec de son mariage, Hergé retrouve finalement la sérénité à la fin des années 50. Il met cette paix intérieure en dessin dans l’action désintéressée de Tintin pour sauver son ami Tchang au milieu des neiges immaculées du Tibet.
M. B.
